La filmographie de Sergio Martino jusqu’à la fin des années 70 (ou presque) est franchement très intéressante. Avec quatre giallos qui ont vraiment fière allure à côté de ceux de Dario Argento suivis de plusieurs poliziottescos efficaces, le cinéma de Sergio Martino ne manque pas d’arguments. Ce titre, dans la lignée des précédents, a lui aussi de très nombreuses qualités. Présenté comme un poliziottesco avec son flic un peu voyou qui fait sa loi avec des méthodes brutales et expéditives accompagné de quelques scènes d’action bien nerveuses, le résultat s’apparente pourtant davantage à un thriller aux allures de giallo avec ses crimes à l’arme blanche et des ambiances baroques propres au genre. La musique de Luciano Michelini, qui évoque celle des Goblin pour Les Frissons de l’angoisse, oriente aussi le film dans cette direction.


Mais avec sa pincée d’humour pas toujours très subtile, l’ensemble peine d’abord à trouver son rythme. Bancal peut-être en raison de ses différentes influences et de son incapacité à prendre une réelle direction, le film, en dépit de jolies scènes (l’introduction est, par exemple, excellente), ne se bonifie vraiment que lorsqu’il s’engage dans une voie et s’y tient. Il faut pour cela attendre presque le milieu du film où une course-poursuite en voiture agrémentée de clins d’œil burlesques vient enfin dévoiler la véritable identité d’un Claudio Cassinelli toujours aussi à son aise, surtout lorsqu’il s’agit d’interpréter un personnage tout en contrastes. Ailleurs, on pourra juger le ton humoristique plutôt en décalage avec un scénario au sujet pas drôle du tout (on y parle de prostitution de mineures) mais capable de faire mouche quand il a vraiment quelque chose à raconter (le fil conducteur des lunettes du héros qui se cassent ou encore le policier qui ne pense qu'à gagner de l'argent avec le loto foot).


Si le final n’est pas tout à fait à la hauteur de ce qu’on est en droit d’attendre, le film tient vraiment la route avec de nombreuses scènes parfaitement maîtrisées (celles dans le grand huit ou au cinéma notamment) et une propension à créer une ambiance très particulière. À cheval sur plusieurs genres propres au cinéma d’exploitation des années 1970, le résultat fait preuve d’une véritable originalité et Sergio Martino est plus qu’un solide artisan. Une jolie surprise à découvrir.


Play-It-Again-Seb
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le 22 mars 2024

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