Mortelle Randonnée par Nicolas Delmas
Un polar noir adapté magistralement par Claude Miller. Aidé par Michel et Jacques Audiard (excusez du peu !), servi par de brillants acteurs qui excellent dans leurs rôles respectifs : Michel Serrault, en détective triste, désespéré, à la recherche de sa fille qu'il n'a plus revue depuis 1962; Isabelle Adjani dans le rôle de la tueuse aux yeux de velours et puis aussi Sami Frey dans le rôle d'un aveugle milliardaire, beau comme un ange et des seconds rôles parfaitement maîtrisés ( Jean-Claude Brialy, Stéphane Audran, méconnaissable, Guy marchand en cynique détaché, Macha Méril ou Patrick Bouchitey...).
Dès le générique, une musique envoûtante et inquiétante nous plonge directement dans une ambiance qui s'annonce pour le moins surréaliste...Cet air lancinant suit nos personnages, tous tordus, en dehors de la réalité, "à part ", distants, froids, dans un autre monde. Ainsi, nous traversons l'Europe dans des lieux qui nous semblent irréels voire fantastiques, nous attachant au chagrin du détective qui voit dans la tueuse glaciale sa fille perdue, cette meurtrière que l'on se plait à aimer paradoxalement car il y a une explication à ses crimes et pas de l'ordre du rationnel, plutôt de l'inconscient. D'ailleurs, nous sommes toujours dans ce film à la lisière de l'onirisme. On peut parler de "l'inquiétante étrangeté" chère à Freud et à David Lynch. Le fonds est parfait et la forme nourrit le film d'images qui nous poursuivront longtemps..Des plans superbes, d'une banlieue hors de l'espace et du temps, à une ville de Biarritz déshumanisée, en passant par un château lugubre filmé souvent de nuit, gothique peuplé de jeunes femmes homosexuelles en cure de santé. Le voyage, toujours le voyage, en train, en avion, en voiture, mais toujours intériorisé comme dans un rêve ou un cauchemar...
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