Par delà la butte, des monts à gravir

Surprise et coup de cœur de ce FFCP 2019, film qui, quand il a commencé, m'a un peu inquiétée, de par son rythme, une longue introduction puis cette ouverture sur une inconnue, cette famille, cette histoire de famille qu'on ne connaît pas, dont on ne nous dit rien, mais dont on y sent bien l'atmosphère quelque peu froide.
Mais vite l'empathie prend le dessus pour ce quatuor de sœurs qui s'exaspèrent de savoir à l'avance qu'elles n'ont pas finies de lutter inlassablement sur des principes qui s'écroulent pourtant déjà mais qui dans un dernier souffle d'agonie, luttant à voix forte et grave eux aussi pour préserver leurs existence et leurs pouvoirs en déchéance.
La tension et le malaise étaient déjà très palpables dès le début de l'arrivée de chaque sœur, toutes différentes avec des vies différentes, mais qui ont une histoire commune qui les relient forcément entre elles.
Comment faire accepter à ces quelqu'uns, qui toutes leurs vies ont été mis sur un piédestal, élevés comme des êtres supérieurs avec le poids de la lourde responsabilité du bien-être de la famille, donc le pilier essentiel à cette famille, de devenir de simples hommes, et comment de simples femmes peuvent réussir à s'élever seules, dans une société dont les bases, même mauvaises, sont ancrées depuis la nuit des temps.
Quand le bois de pied d'une table est pourri, s'il se brise, c'est la table entière qui s'écroule.
Et ce n'est pas que dans la société coréenne, Beaucoup de sociétés vivent encore sur ce principe, à différents degrés, mais toujours là, bien collé comme une sangsue. La corde qui les attachent à ces principes de vie commence à céder, mais à quel prix, le déchirement de familles qui ne se réunissent que dans des moments funestes.
Avec des petites pointes d'humour tellement bien placées que je ris encore malgré cette tension permanente dans le film. Un excellent dosage dans le scénario. Tout était bien amené, pas comme des petits indices donnés de-ci de-là, mais parce que ces soeurs se connaissent et se comprennent aussi tellement bien et encore mieux après ce road movie (même si elles ne se l'avouent pas), qu'elles n'ont pas besoin de s'expliquer ou de se raconter leur vie, elles savent c'est tout.
Je ne vois pas ce film comme un film principalement sur le Patriarcalisme , mais plutôt du côté des femmes qui luttent et ont apparemment déjà luttées contre ce père, contre ce dogme du mal dominant qui fait encore un peu peur au point de bégayer au téléphone...


(Critique à chaud)

ebesan
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le 5 nov. 2019

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