Une étude en noir et blanc

"C'est l'histoire d'une vieille branche qui tente de se raccrocher à son arbre."

MR. HOLMES

Enfin ! Cela fait presque un an que le film de Bill Condon est sorti dans salles anglaises et quelques mois en vidéos UK. Un distributeur français nous fait la surprise d'exploiter le film en salle, merci ARP. C'est un grand fan de l'univers de Sherlock Holmes qui s'adresse à vous à commencer par les romans et nouvelles de Sir Arthur Conan Doyle et la série avec Benedict Cumberbatch, d'où une impatience certaine de découvrir Mr. Holmes.

Nous sommes en 1947, Holmes est un vieux vestige de 93 ans, c'est une légende connue dans le monde entier. Il a la mémoire qui flanche tout en s'adonnant à sa passion des abeilles. Mais une vieille affaire refait surface, une affaire qu'il n'a jamais résolu et qui l'a profondément marqué.

C'est sur ce point de départ original que s'ouvre la dernière affaire du grand détective Sherlock Holmes. C'est incontestable, l'auteur du livre (Mitch Cullin, également co-sénariste du long-métrage) dont est tiré le film a parfaitement saisit l'essence du personnage, de ses interactions et son environnement. Il nous dépeint un homme froid, arrogant et égoïste qui a toujours compté sur son intelligence hors du commun pour cacher ses propres failles. En ajoutant tout cela à un personnage vieillissant et sénile, nous obtenons le portrait d'un homme cohérent avec la vision de Conan Doyle.

En fouillant son passé, en vivant le présent et en craignant le futur, Sherlock Holmes se livre à une magnifique introspection qui prend forme d'une quête dont lui et son entourage sortiront changés. Au coeur de la campagne anglaise et de belles reconstitutions le film possède un charme fou. Entre sa belle mise en scène et sa bande originale en osmose avec le récit, Mr. Holmes est une oeuvre mature et accomplie autant dans son récit que dans sa proposition artistique.

Le film serait presque excluant tant cette aventure du mythique détective s'inscrit pertinemment dans la continuité de l'oeuvre de son auteur d'origine. Pour complètement apprécier le film il serait presque préférable de connaître un minimum le background du personnage. Cependant, Bill Condon est assez malin pour rendre son oeuvre accessible même si certains subtilités échapperont aux néophytes. Ce qui leur fera le plus défaut, c'est peut-être l'émotion.

En effet, l'oeuvre est touchante, mais il n'est pas impossible que cela soit dû au fait de bien connaître le passé de Holmes. Cependant, Ian McKellen livre une interprétation tellement belle et toute en mélancolie que l'émotion qu'il diffuse se fait tout naturellement. L'acteur est charismatique et d'une classe folle, c'est l'un de ses plus beaux rôles. Il est entouré d'une belle galerie qui vient épaissir une douce narration. Laura Linney, Hiroyuki Sanada et surtout le gosse Milo Parker accompagnent donc brillamment Sir Ian McKellen.

Une belle manière de mettre un point final à la brillante carrière du plus grand détective d'Angleterre. Une dernière affaire qui vient nourrir la légende et humaniser le mythe.