Le film est captivant car tout de suite on est plongé dans un univers onirique et dans une ambiance très Los Angeles. Il est vrai que ce film peut paraître compliqué à comprendre dès lors qu’on se concentre sur chacun des details. Mais au final je pense qu’il faut se laisser guider par ce que l’on ressent et on trouve tout de suite du sens. Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller lire sur internet des critiques expliquant le film. Même si elles donnent des clés de lecture que j’ai pu trouver, le sens profond n’est pas le même pour moi. J’aimerais partager ici ce que je retiens comme sens à ce film. Attention spoiler.
Effectivement le thème principal, et donc ce qu’il faut retenir comme idée, c’est une histoire sur la réussite dans le monde du cinéma à Hollywood (et plus globalement la réussite dans la vie), ici un rêve raté, des illusions perdues. Et voilà, une fois qu’on a compris cela, on a compris le film. Peu importe les détails sur la clé bleue, le passage à la seconde machin, ou les autres indices. Cette jeune actrice blonde se rêve comme actrice à Hollywood mais aussi rêve d’une nouvelle vie, plus belle vie à Los Angeles, plus globalement. Ce n’est pas juste un rêve d’acteur c’est aussi un rêve sur sa vie tout court, des ambitions, des illusions. Ce projet ,son rêve, peu à peu se délite jusqu’à mener au suicide. On voit bien qu’ici ce qui parle c’est aussi notre rapport à la réussite, à nos rêves, nos ambitions, nos fantasmes. Ce qui rend ce film extraordinaire c’est que ce rêve de gloire se matérialise avec cette femme brune. Elle est le rêve de la vie qu’on aurait pu avoir. C’est tout l’enjeu de ce film. C’est femme brune n’existe pas dans la réalité, elle n’existe que dans les rêves de cette blonde. Elle est le miroir de sa vie rêvée, de la vie qu’elle imaginait et qu’elle n’a pas eu. On regarde avec ce film ce lien entre elle et cette vie rêvée et fantasmée, c’est tellement évident pour moi. Il n’y a pas de relation lesbienne ici, c’est une relation intérieure entre elle et ses rêves de gloire. Enfin regardez, dès le début du film, on voit bien que cette brune n’est pas réelle, elle n’est pas humaine en quelque sorte. On le voit dans ses expressions, sa manière de marcher de parler. Bien sûr la chronologie du film nous le montre, on rentre dans l’oreiller en rentre dans un rêve et hop, on arrive dans cette voiture et cette ambiance qui ne s’arrête qu’avec le réveil de la blonde et ce retour à la réalité. On voit cette blonde d’abord avec ces rêves de gloire et ces illusions sur cette ville très bien avec la scène de l’aéroport. La rencontre entre les deux est cette rencontre entre moi et celle que je veux être, rêvait d’être, c’est tout. Elle ne connaît pas son identité car c’est juste une construction, un fantasme, elle n’en a tout simplement pas. Une construction d’identité que la blonde, va s’efforcer de peaufiner au même titre qu’elle a construit toute ses ambitions, toute sa vie. C’est un peu comme nous tous quand nous rêvons notre vie, nous nous imaginons parfois des lieux des personnages c’est ce processus ici. Elle nous fait plonger dans ses rêves de gloire en nous présentant la femme qu’elle aurait voulu être, et encore une fois c’est évident quand on voit la relation entre les deux tout au long du film. Regardez la scène où la brune pose une perruque blonde sur cette brune dans une tentative désespérée de transformer son rêve en réalité, tu vas enfin devenir moi, pour de vrai. Cette façon qu’elle a de marcher et de la regarde à ses côtés quand elles montent à la villa, c’est évident. Enfin, oui les deux scènes de la voiture sur Mulholland Drive se font échos, la première est la version revisitée dans sa tête de la deuxième. Encore une fois peu importe les détails, dès lors qu’on a compris cela. Il suffit de les interpréter à l’aune de cette histoire et de cette relation intérieure à soi même, en miroir, avec cette vie fanstamée.