Reflexion philosophique inspirée par ce chef-d’oeuvre absolue

Si L’homme moderne fuit plus que nul autre, s’il s’est separé à ce point de la realite, c’est qu’il a jugé que cette dernière est essentiellement horreur et néant. Face à cela, dans cette vision du monde où la clé n’ouvre qu’un mendiant monstrueux et un cadavre infâme, il doit s’oublier à l’aide de l’usine à illusion, qui est par excellence le cinema, avec ses realisateurs fantasques et ses actrices dorées, avec ses images soigneusement coupées au montage et ses voix qui ne disent que d’hypnotiques mensonge. Sinon, s’il s’obstine à chercher la verité, si un amour authentique le possède au point de devoir verifier sur quoi il repose, ses rêves se brisent dans un fracas infernal, et la realité apparait comme un cauchemar dont le seul suicide peut délivrer. Silentio est alors le mot d’ordre, silence à ses pensees, silence à ses visions, silence à la nature même, silence pour s’abrutir, pour s’abêtir sur la colline des plaisants mensonges, bâtie sur l’effrayant gouffre de la conscience humaine, qu’elle cache du mieux qu’elle peut, car une entrevue meme minime avec la verite peut causer la chute vertigineuse (ou plutot est ce la conscience brutale, non-preparée de la Chute qui provoque un vertige mortel). Il faut pourtant ne jamais prendre trop au sérieux ces illusions, considérer distraitement tout cela comme un film divertissant, sans y penser serieusement, se contentant d’en jouir, ne reflechissant que pour en jouir toujours d’avantage et le plus longtemps possible, accompagné de personnages avec qui on peut faire l’amour mais qui pour autant n’importe pas, parce que l’attachement profond crée une illusion non superficielle, et le desir alors devient passion et la passion amour et l’objet de l’amour inevitablement se revele trop différent de ce qu’on croyait, et ainsi une rupture se crée entre le moi et la realite, le besoin de reprocité ,de fusion parfaite, et l’égoïsme glacial des individus au fond indifférents, et là c’est le drame, la comédie savamment montée se transforme en une tragédie involontaire, qui ne ménage ni ses spectateurs, ni ses acteurs-qui risquent fort de mourir sur scène, au milieu d’une pièce dont ils ont trop conscience de la fausseté pour y continuer d’y jouer un rôle. Les rideaux tombent, l’on voit le noir anéantifiant et les figures monstrueuses qui s’y meuvent, et c’est le cri affreux de l’absurdité, et c’est la necessité d’y mettre fin, completement et à jamais. Il faut aussi se soumettre a cet ordre de consommation, et parfois accepter de voir ses desirs frustrés par les mysterieux dirigeants de la roue à divertissement, car la revolte meme pour un motif dérisoire est un grain de sable qui révèle rapidement que toute sa vie ne repose effectivement que sur un empilement de grain de sables, que tout est une plage que le mer dévore à la première tempête. Donc surtout soumets-toi, si tu ne veux rencontrer en face a face la mort, obéis au robotique et mechant cowboy, et puis oublie le du mieux que tu peux, laisse toi enivrer des litres de plaisir qu’il t’offre en echange de ta servilité silencieuse, prends la pillule bleue, -car le rouge de la vérité a par trop la couleur du sang, le sang insupportable du christ sur la croix, qui comme tout chercheur trop obstinée de sens et d’amour finit torturé par le monde entier, avec comme seul secours un Dieu si incompréhensible que même lui, son propre fils, s’en est cru abandonné. Allez, lèche les bottes des pharisiens et des marchands du temple, hurle et esclaffe toi avec la foule, si tu ne veux te retrouver crucifié, ou suicidé au milieu d’un cauchemar, ou pourrisant ainsi qu’une vermine derrière les poubelles d’un fastfood…

Libéral2001
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le 12 déc. 2021

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