Murderock
4.8
Murderock

Film de Lucio Fulci (1984)

Le moins qu’on puisse dire est que ce film ne jouit pas d’une grande réputation. Réalisé dans la période américaine de Lucio Fulci (comprendre les films tournés à New-York), il s’inscrit dans la grande tradition du giallo avec tueur à l’arme blanche, mains gantées montrées en caméra subjective, défilé de filles dénudées et traumatisme qui fait vriller l’assassin. Plus respectueux des codes du genre qu’il ne l’a parfois été, Lucio Fulci y ajoute ici une ambition graphique qui est pourtant étonnamment décriée. Avec des plans ingénieux et un travail tout au long sur les contrastes de lumière, le réalisateur semble vraiment préoccupé par la forme et, si ce n’est pas totalement abouti, le résultat est méritant. Délaissant, par ailleurs, ses envolées gore (notamment le nihilisme poussé à l’extrême de L’Éventreur de New-York réalisé deux ans plus tôt), le film semble s’intéresser vraiment à son histoire.


Dommage que l’intrigue, de son côté, soit, par moments, un peu lâche, l’enquête franchement laxiste et le dénouement prévisible pour qui a l’habitude de regarder des giallos. Par ailleurs, les acteurs sont, pour la majorité, très caricaturaux et le doublage est trop approximatif pour masquer cette lacune. Ils sont, enfin, très nombreux à faire office de leurre pour augmenter le nombre de suspects et n'apportent que peu de choses à l'intrigue. Mais la vraie bonne nouvelle est que Lucio Fulci n’ait pas sombré dans une abondance insupportable de scènes de danse qui auraient conduit le film au hors-sujet et à s’inscrire bêtement dans la hype du moment après la sortie de Flashdance. Une scène à l’ouverture, une autre au milieu et basta, c’est très bien. Un mélange des deux genres aurait conduit à la catastrophe.


On imagine cependant que les spectateurs fâchés avec les années 80 auront quelques difficultés à passer outre les synthés qui tâchent de Keith Emerson et les tenues avec bandanas. Pourtant cette touche eighties fonctionne très bien et permet de dresser un parallèle intéressant entre les giallos des années 70 et ceux de la décennie suivante. Si le concept est similaire, le traitement est différent et il apporte des éléments intéressants dans l’histoire du genre. Celui-ci, dans sa catégorie, se défend vraiment bien et surnage par rapport aux autres films réalisés par des auteurs moins réputés. Pas un vrai bon film mais un titre qui, formellement, voit Lucio Fulci se réinventer et offrir un giallo sympathique.


Play-It-Again-Seb
6

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Liste et classement des films que j'ai vus (ou revus) en 2023

Créée

le 5 sept. 2023

Critique lue 52 fois

6 j'aime

2 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 52 fois

6
2

D'autres avis sur Murderock

Murderock
Play-It-Again-Seb
6

She's a maniac

Le moins qu’on puisse dire est que ce film ne jouit pas d’une grande réputation. Réalisé dans la période américaine de Lucio Fulci (comprendre les films tournés à New-York), il s’inscrit dans la...

Par

le 5 sept. 2023

6 j'aime

2

Murderock
Seet
6

Le rock en saigne

Réalisé juste après après la période faste de Lucio Fulci dans le genre horrifique, qui a donné naissance à des chefs d'oeuvre tels que L'Enfer des zombies ou Frayeurs, Murderock tente de lier (aussi...

Par

le 2 sept. 2020

4 j'aime

2

Murderock
Boubakar
4

Flashdance d'un côté, du giallo de l'autre, et ça donne...

A New-York, une académie de danse est frappée par la mort de plusieurs membres par un tueur qui les pique à chaque fois au cœur pour signer ses méfaits. Accompagnée d'un mannequin, la directrice de...

le 6 oct. 2022

3 j'aime

1

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 14 nov. 2023

21 j'aime

22