Inventif, mais hermétique

Je précise dès le départ que je connais nullement la série de bande-dessinée de laquelle est inspirée le film Mustafukaz. C'est donc dans la plus totale aveuglette que j'ai commencé l’œuvre.
Certainement, les fans de Run ont été heureux de visionner le film, et de retrouver notamment les personnages, le monde qu'ils connaissaient. Mais en tant que néophyte, je me suis retrouvé perdu dans ce Mustafukaz, qui a plus ou moins échoué à me toucher, et surtout, à me faire rentrer dans son univers.

Avant d'évoquer mes soucis, je dois tout de même souligner la qualité de l'image et de l'animation. Savoureux mélange du savoir-faire des comics, des mangas et des cartoons, l'animation est colorée, rythmée, et étonnement détaillée dans chacun des plans. Ce film se démarque de ses aînés par ce style graphique "fun" voire "délirant", donnant comme résultats une panoplie de personnages et de décors loufoques, mais qui stimule constamment la rétine : je qualifierais l'animation comme frénétique.
Mustafukaz possède donc une identité propre, cocktail d'éléments empruntés à la pop culture et à l’univers geek, mais qui sait également jouer avec des figures urbaines, anciennes, et on ne s'étonne pas de croiser une personnage de manga dans un restaurant tenu par un afro-américain dans lequel prône également un portrait de Marie. Une originalité qui se retrouve également dans certains choix de mise en scène.

Et c'est malheureusement là que le film m'a perdu. Les transitions entre les différents pans de l'histoire sont bien trop abruptes. Le choix a été fait de consacrer l’entièreté du film à l'intrigue principale (la fuite des héros, pourchassés par des inconnus très violents..), et il m'a manqué des informations, des scènes supplémentaires pour comprendre l'univers, mais aussi les motivations des personnages. Je n'ai également que très difficilement adhéré à l'humour puéril (et constant), mais c'est ici toujours une histoire de goût personnel plus qu'un raté.
Au final, je suis passé à côté des quelques twists, passés à la louche bien trop rapidement, ce qui a fini par complètement me perdre, ne comprenant plus précisément quel étant l'objectif du film et de ses protagonistes. Ironiquement, j'ai trouvé que cette incompréhension s'accompagnait d'un certain essoufflement dans la mise en scène, le film finissant par perdre le rythme psychédélique de la première moitié de l’œuvre.

Enfin, je ne suis généralement pas du genre à critiquer le doublage français... mais je suis dans l'obligation de changer mes habitudes ici. Je ne sais pas si c'est un problème de synchronisation, ou simplement le jeu des doubleurs qui manque de travail, mais très souvent je n'ai pas trouvé que les voix "collaient" avec l'action, en plus d'être assez insupportables pour la plupart (Angelino en tête).

C'est dommage, car je reconnais que ce film déborde d'envie, de travail, et de "fun". Surtout, c'est une production française, qui de que j'ai lu, a mis 7 ans pour aboutir : il faut reconnaître ces projets et les soutenir. Peut-être au final, le style et l'univers de Mustafukaz ne sont simplement pas faits pour moi. Ou alors faut-il que je me plonge dans les BDs !