Face à un pitch pareil, difficile de garder son sérieux avant d’avoir vu le film. « Tu la sens, ma grosse limace carnivore ? Il va nous foutre des accélérés de gastéropodes et des sauts de limaces au milieu, et je sens d’ailleurs qu’on va pas les voir souvent. A la rigueur, ça pourrait faire un navet sympathique… ». C’était moi avant le film. Et bien pas du tout. Pour peu qu’on soit sensible au charme de la série B (à savoir se farcir 15 minutes d’introduction avec des personnages un peu quelconques, mais pas déplaisants, tolérer le rythme frustrant qui veut que personne ne fasse rien avant d’être sûr à 100%...), Mutations est un divertissement largement à la hauteur, déjà original dans son pitch (le coup des limaces, on ne le fait pas souvent). On remerciera d’ailleurs Juan Piquer Simon, qui investit une partie du fric du tournage dans un élevage de limaces noires impressionnantes, réellement grosses et crédibles. Et il n’y en a pas qu’une trentaine. Madame, il y en a des milliers. Juan devait déverser des bacs entiers de limaces avant de tourner ses prises, parce qu’il y en a vraiment partout (ce qui rend la menace assez omni-présente). Deuxième bon point : les limaces se déplacent normalement (peut être un poil plus vite que la moyenne, mais guère plus). Elles ne s’attaquent donc qu’à des personnes immobiles où enfermées dans des pièces. Et les limaces, on les voit. Lors des attaques, elles envahissent carrément tout l’appart, sortant silencieusement des canalisations sans crier gare. Les victimes glissent dessus, s’en prennent du plafond, et ces saloperies ne lâchent pas une fois accrochées. Le script s’amuse d’ailleurs avec leur constitution, rendant leur bave mortelle, et les décrivant comme porteuses de parasites sanguins mortels eux aussi (un inconscient en ayant boulotté dans sa salade en fera les frais). Niveau gore, le film joue assez la carte de la générosité. C’est bien simple, on dirait que les effets spéciaux ont été réalisés par l’équipe de Fulci, tant ils s’intègrent bien dans l’ambiance bis du projet. On regrettera juste ce plan où une limace mord le doigt du héros, un peu abusé. Le dernier acte, jouissif, se payera le luxe de nous offrir encore quelques rebondissements et quelques morts avant le grand nettoyage (avec ce qu'il faut de bancal, les héros utilisant un produit brûlant au contact de l'humidité... dans les égouts). Vraiment, beaucoup d’ingrédients savoureux du bis sont là avec les limaces mutantes. On aura d’ailleurs droit à pas mal d’invasions de domiciles qui étendront la menace à toute la ville. Côté acteur, ils jouent assez sobrement pour un tel projet, et on évite les cabotinages qui tirent d’habitudes ces films vers le bas plus qu’ils ne les servent (ce qui n’est pas le cas d’Horribilis). En bref, un film totalement sérieux, avec quelques saillies gores bien senties, dont l’efficacité, bien qu'inégale, n’est pas à remettre en cause. Plutôt amusant.

Voracinéphile
6
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le 11 déc. 2015

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