Que doit-on faire et que peut-on faire quand son fils ne parvient pas à sortir de la spirale de la drogue? My Beautiful Boy explore les rapports complexes d'un père et d'une famille face à l'addiction : le fils (Nicolas Sheff) qui échappe au père (David), la mère qui peine à prendre la mesure de la situation, les frères et soeurs victimes collatérales...
La structure du film qui refuse la linéarité révèle bien la difficulté de faire face : à chaque moment du présent, David revoit l'enfant qu'il aimait tant. Comment une telle rupture a-t-elle pu se produire? Comment un fils qu'on croyait connaître peut-il se détourner de tout ce qui semblait le constituer? A ce mélange présent/passé se surimpose une dimension cyclique : celle des avancées et des rechutes de Nicolas (d'où le motif de la spirale) : chaque sortie de cure semble déboucher sur une guérison. Mais celle-ci est bien illusoire, que ce soit par les mensonges du fils, les tentations ou les désillusions.
La grande force du film semble être les deux problématiques auxquelles il se confronte. D'abord celle de la responsabilité du père, dans la maladie et dans son traitement (la scène du groupe de parole parental est particulièrement révélatrice : une mère est finalement soulagée de voir sa fille morte plutôt que fantomatique et malade). La seconde question est la place de l'enfant drogué dans la famille : Nicolas est à la fois exclus et inclus, aimé et rejeté, et ne peut que se sentir en décalage (ce qui est un motif de rechute). Le film dans son ensemble se tient bien, et en particulier par la performance des acteurs (Chalamet a su rendre les deux dimensions de son personnage : à la fois charmeur et menteur, mais aussi brisé et incapable de faire face).


Malgré tout le film est un peu long à se mettre en place, les scènes médicales stéréotypées (que ce soient la rencontre du père avec le médecin ou les scènes d'overdose). Le plus gros défaut du film est sa tendance à rester en surface. On reste dans un univers propre et bien éloigné des violences et de la laideur (physique et morale de la drogue). Les plans sont beaux et soignés alors que rien dans le sujet n'est esthétique. Le film manque donc une confrontation véritable au réel. L'émotion, si elle est présente, est alors bien légère et ne prend guère son spectateur aux tripes.


Un film qui a le mérite de se confronter aux questions et qui est porté par de grands acteurs, mais qui manque la dimension terrible de l'addiction.

leogkp
7
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le 10 févr. 2019

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leogkp

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