Film mineur dans la filmographie de l'excellent Wong Kar Wai, ce film mérite quand même d'être regardé.
Pour son premier film aux États-Unis, le casting est irréprochable, sublimé par une photographie tout en couleur de la nuit. Quand on connait un peu le cinéaste, on n'est guère surpris par ces qualités là. Ici, les images kaléidoscopiques et les flashes se succèdent notamment au début. Cela peut sembler peut-être un peu trop boursouflé par moments mais qu'importe, quelle beauté.
Le film est divisé en plusieurs segments, selon où se trouve Elizabeth. Et chaque segment apporte ses personnages et leurs histoires contrariées qui se résolvent sous les yeux de la protagoniste, le temps qu'elle sache ce qu'elle veut. On peut regretter la passivité de cette dernière par moment, mais ce n'est pas ça qui intéresse Wong Kar Wai : c'est le cheminement intérieur, qui se manifeste par les lettres qu'Elizabeth écrit à Jérémy (Jude Law). Elle préfère lui écrire au lieu de l'appeler, pour pouvoir mieux lui dire ce qu'elle ressent, lui expliquer ses observations.
C'est un film d'ambiance en quelque sorte, et une histoire d'amour à distance.
Jude Law, personnage secondaire mais dont l'ombre demeure, est d'un magnétisme assez incroyable et n'est finalement que peu filmé frontalement. On appréciera particulièrement le premier segment où lui et Norah Jones sont filmés en champ contre champ à travers les vitres du café, pour le spectateur, comme si tout à tour ils restaient encore distants l'un envers l'autre, quelque chose empêche les personnages de se rapprocher.
Si vous n'êtes pas amateur du cinéma de Wong Kar Wai, passez votre chemin. Cependant si vous appréciez ce cinéaste, je pense que ce film vous plaira malgré ses défauts notamment une fin un peu convenue et attendue même si elle est logique ; et des manières de filmer parfois trop stylisées.
Enfin, si vous ne connaissez pas ce cinéaste, My Blueberry nights peut faire office de porte d'entrée dans sa filmographie car on y trouve vraiment toutes ses marottes, mais allez plutôt voir Chungking express ou In the mood for love pour débuter.