Wong Kar-wai exporte son style avec ce long métrage qui prend place en Amérique. Si dans les thématiques abordées le cinéaste reste sur son terrain, histoires d’amour contrariées, à sens unique, séparations, c’est dans son esthétique et dans cette Amérique qu’il traite pour la première fois qu’il va renouveler son style.
L'intérêt du film est clairement son rendu visuel, sa photographie et son montage, comme souvent chez le cinéaste hongkongais. Il utilise ici le road movie pour explorer le territoire américain à travers plusieurs villes et régions. New York mais surtout Vegas sont sublimées par l’esthétique du réalisateur qui explore les casinos et les fast foods de la ville, partant à la conquête de territoires à modeler sous son style.
Cependant, si plastiquement le film est très agréable à suivre et que les acteurs, bien qu’inégaux, sont assez touchants, la sauce ne prend pas vraiment. La structure du scénario semi-épistolaire lasse un peu et la boucle que forme le film est trop attendue. Le personnage de Jude Law surtout, en dehors de la première partie du film, est inintéressant, ne sert que de faire-valoir aux lettres de l'héroïne pour transitionner entre les différentes villes qu’elle va traverser.
Malgré tout, même si on a l’impression que Wong Kar-wai, déraciné de Hong Kong, perd un peu de son énergie et de son efficacité habituelle, il nous donne à voir un regard extérieur sur l’Amérique et de nouvelles façons d’appréhender visuellement ce territoire.