My Childhood
6.9
My Childhood

Film de Bill Douglas (1972)

« Un des plus beaux films sur l’enfance jamais réalisés », qu’ils disaient dans mon ciné préféré. Alors, même si ce Bill Douglas était pour moi un illustre inconnu, je ne pouvais pas décemment manquer ce chef d’œuvre injustement oublié, déterré et restauré pour l’occasion. Si cette trilogie de l’enfance est, comme son nom l’indique, composée de trois films, on distingue en fait deux grandes parties pour environ trois heures de projection.

Dans les deux premiers films, on suit les jeunes années d’un petit écossais avec qui la vie n’est pas tendre. Pas facile en effet de grandir entre un père irresponsable et une mère internée, le tout sur fond de misère sociale. Malgré tout, Jamie reste un enfant, et c’est en tant que tel qu’il traverse ces épreuves. La perte de proches, les adieux au prisonnier allemand à qui il apprenait à lire, la haine injuste de sa grand-mère, tout cela contraste avec les petits riens qui composent l’enfance de tout un chacun. Entre vols de pommes et bagarres avec le demi-frère, c’est d’abord un regard d’enfant que Bill Douglass porte sur la société britannique des années 40. Un regard dur, mais jamais misérabiliste, enfantin sans être naïf.

Le troisième long-métrage s’attarde sur l’adolescence du héros qui, balloté entre le pensionnat et un foyer paternel inhospitalier, décide de mettre les voiles. Mais peu importe l’endroit ou il fuit, l’enfant qu’il est encore peine à trouver des repères, même quand la situation semble s’améliorer. C’est le cas lors de son service militaire, où un soldat avec qui il se lie d’amitié a bien du mal à lui redonner goût à la vie, comme si le fait d’avoir grandi sans foyer le condamnait à vivre éternellement sans attaches.

De manière générale cette trilogie à la mise en scène plutôt sobre comporte très peu de dialogues, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. Car, si ce silence généralisé peut être à l’origine de quelques longueurs, c’est surtout l’occasion pour le spectateur de poser attentivement son regard sur l’évolution de Jamie, et d’assister dans la quiétude à de très belles scènes sublimées par un très beau noir-et-blanc. Signalons également la performance de l’acteur principal, trouvé dans la rue par le réalisateur, mais impressionnant de justesse.

Malgré toutes ces qualités, un petit quelque chose m’a empêché d’accrocher au film, cette impression d’être dans un reportage de l’émission Strip-Tease, livrés à nous-mêmes sans aucune direction, et de ne jamais comprendre ou le réalisateur veut en venir. On devine aisément qu’à travers l’histoire de Jamie, c’est sa propre enfance que Bill Douglas souhaite nous raconter, et peut-être que sa démarche ne va pas plus loin, mais je suis sorti de la séance avec un petit goût d’inachevé. C’est dommage, car même si les personnages sont attachants, on peine à s’intéresser au destin de cet enfant des houillères.

Bref, à mon sens, la Trilogie de l’enfance n’est pas vraiment le chef d’œuvre annoncé, mais reste un précieux témoignage des conditions de vie d’un gosse dans l’immédiat après guerre écossais, ce qui est toujours bon à prendre.
LâneFourbu
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le 14 août 2013

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L'âne fourbu

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