La fabrique de la soumission aux contraintes sociales et de la dépendance affective expliquée avec du symbolisme surréaliste et entrecoupé d'un documentaire animé sur la chimie du cerveau.
C'est ironique aussi de voir comment l'URSS (Zelma, la personnage principale est né dans les Îles Kourile et a vécu en Lettonie soviétique aussi) censée être plus progressiste et contre les mœurs bourgeoises, était encore rongée par des valeurs rétrogrades envers les femmes, à savoir ne vivre que pour se marier, faire des enfants et s'occuper de son mari. Bref : rester soumise et ne jamais penser vraiment à soi.
Rigolo cependant de voir qu'au mariage et au décès de chaque citoyen soviétique, on joue l'hymne soviétique avec un cérémonial réduit au minimum et des fonctionnaires peu préparés XD
Depuis toute petite, Zelma est bercée d'illusions comme quoi elle ne doit pas se défendre ni s'affirmer quand on est une femme. Qu'il faut "se soumettre pour réussir dans la vie". Et ma chimie dans son cerveau ne l'aide pas elle ni les autres. Elle se fait donc avoir une fois à 17 ans en Lettonie quand un vieil artiste lui prend sa virginité, lui promet de l'épouser mais ne la rappelle jamais.
Elle tombe ensuite sous la coupe d'un Sergueï qui semble romantique à première vue, mais devient vite toxique, hypocrite, manipulateur et parasite (il ne cherche pas de travail et jalouse les succès de sa femme en matière d'argent puis lui prend tout pour boire avec des potes). Sergueï ose ensuite jouer les étonnés quand elle obtient le divorce, qui loin d'être une source de honte sociale pour Zelma, est libérateur.
C'est avec son dernier mari suédois Bô au Canada, qui avait pourtant tout du prince charmant équilibré et sensible en comparaison de Sergueï, qu'elle se rend compte que le mariage est un mensonge systémique qui ne rend personne heureux, surtout pas la femme.
Pas que Bô soit pire que Sergueï, mais Bô est en fait une femme transgenre en devenir et Zelma (qui a intériorisé une forme de sexisme représentée sous la forme d'oiseaux matrones chanteuses) se rend compte qu'elle lui fait de méchantes remarques alors qu'elle-même n'était pas considérée assez "femme" car elle osait se défendre et s'affirmer.
Elle divorce aussi de Bô mais ils se quittent bons amis et Zelma comprend qu'elle est mieux seule mais heureuse (elle dira non à un Sergueï "devenu riche" mais elle refuse de retomber dans ses griffes).
My Love Affair With Marriage est donc une fresque animée sur la vie en URSS et à l'Ouest des années 70 à 90 et un appel à l'émancipation en dénonçant la pression sociale qui enferme les femmes dans des mariages qui s'avèrent de vraies prisons niant l'identité personnelle et la liberté des femmes. Elle explique cela aussi bien symboliquement que scientifiquement, montrant que la chimie du cerveau créé des formes de dépendances affectives et peut jouer de mauvais comme de beaux tours à l'être humain.