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Ca commençais pas trop mal… L'exposition des personnages est intrigantes et sans fioritures. On va à l’essentiel et en quelques scènes nos protagonistes sont identifiables. Ils sont caractérisés de manière cohérente, enfin pour ceux qui auront la (mal)chance de survivre à l’intrigue… Efficace et pas trop scolaire (je me rends compte en l’écrivant que je suis sans doute trop gentil sur ce point).

On comprend rapidement que le thème central va tourner autour de la relation fusionnelle père fille, entre cette ado épanouie et un peu turbulente et ce papa poule attentionné et ténébreux. Arrive l’élément perturbateur qui va lancer l’intrigue. Jusque-là je me dis « meh, pourquoi pas. Si le déroulé est cohérent, ça peut le faire ». On est face à un film d’action très premier degrés. Pas de sous texte ou de sens caché. Les péripéties s’enchaînent sur un rythme effréné, sauf que ça ne va déjà plus du tout.

S’il y a bien un genre codifié à l’extrême au même titre que la comédie romantique ou le film de vampire c’est bien les histoires de mafia. Ici c’est simple, une grille de bingo avec tous les clichés possibles du genre serait rempli bien avant la fin du film. C’est comme si à une réunion de préproduction entre scénaristes, l’un avait proposé aux autres de faire un brainstorming et d’écrire sur des bouts de papiers tous les codes du genre. Puis qu’il leur ait proposé qu’on les mettent dans un chapeau et qu’on en tire un ou deux afin de broder l’intrigue autour. Soudain, un autre plus malin propose : « -Et si, on les mettait tous et de préférence dans l’ordre le plus classique. Comme ça on se concentre sur la baston et les courses poursuites. - Ben, oui Bobby ! T’a raison c’est toi le plus malin. Faisons ça. »

Voilà, voilà...

Quel défonçage de portes ouvertes ! Et encore, c’était sans compter sur la présence d’une véritable armurerie de fusils de Tchekhov. Dans la tête du réal. ça a du être: "La subtilité, hum… Oui, oui, j'en ai entendu parler. Pas compris à quoi ça servait. Allez on reprend ! Posez moi cet éléphant dans ce magasin de porcelaine que je me rende bien compte… Hum, oui c’est parfait. Va me chercher les girafes et les lions…"

Normalement à l’heure de film soit : a) vous dormez profondément b) vous gueulez tant que vous pouvez contre cette intrigue idiote comme s'il faillait l'insulter comme l’arbitre d’un classico qui siffle faute sur un tacle à la carotide c) Vous déprimez sous votre couverture polaire ; votre chocolat chaud ayant fait une tache sur votre pyjama. Soupir.

L’avantage de l’échelle de la médiocrité, c’est qu’elle peut facilement nous surprendre à avoir plus de barreaux qu’on ne l’avait envisagé. Petit exemple : Lors d’une scène pré-climax (une baston de nuit entre les wagons d’une gare de marchandise - environ cliché n°82) les personnages qui étaient jusqu’alors assez raccords à leur caricature se mettent à dérailler (gare – dérailler. Vous l’avez ?). Donc en se maravant la gueule les protagonistes qui ont aussi le temps de discuter avec leur adversaire entre deux baffes (cliché 91) quand l’un d’entre eux sort : « Ma famille n’y est pour rien. Pourquoi vous vous en êtes pris à eux »… Etonnement du spectateur résigné mais encore attentif que je suis. J’ai cru que j’avais mal entendu. Un mafieux qui ne fait pas le rapport entre les liens du sang, la mafia, les vendettas, la loi du talion… Soit il est en train de faire un AVC -ce qui serait un vrai élément original à l’intrigue- soit les scénaristes en plus d’être de gros lourdauds sans idées sont doublés de gros fumistes qui n’ont même pas compris les enjeux du genre.

Bref… Encore 10 min de supplice. 1H15 de film. Arrive le dénouement agrémenté des lasers rouges des fusils braqués sur le torse d’un personnage (cliché n° j'en peu plus). Attends quoi ? J’ai mentionné 1h15 ?! Il reste encore 15 min sur la barre rouge de la timeline de ma plateforme de streaming. C’est une blague ! Oh, non ! Merde… Le « couteau » posé subtilement (clin d'œil, clin d'œil) il a 20 min n’a pas encore servi. Ils ne vont pas oser quand même ?! Ce serait ajouter du cliché au vase des clichés qui déborde déjà depuis trop longtemps pour que ça soit ne serait-ce que drôle. Si seulement ça avait encore eu un sens d’un point de vue narratif… Emphases grandiloquentes au programme, l'obscénité ne semble pas plus tuer que le ridicule… En mode : « regarde comme on est des fous et comme notre fin elle tue. » Je crois bien que la mâchoire m’en tombait au générique de fin, mais pas pour les raisons escomptées. Petite pensée pour Audiard. Ne jamais sous-estimer les cons.

Qu’est-ce que c’était nul !


Et d'un point de vu technique ? Niveau réalisation, il y a un ou deux effets pas trop mal mis en scène. Des transitions au flou plutôt bien amenées. Les scènes de bagarres rendent bien. Les impacts de balles, les os qui se brisent, les chaires entaillées par des couteaux. La douleur fait vraiment mal. Ça nous change des certaines Marveleries.

Par contre qu’est-ce que c’est laid. Sous exposition et néons bleu et vert en intérieur et HDR dé-saturé avec filtre vert pisse pour les extérieurs. Le tout avec un point super net. Si on voulait rendre crédible l’atmosphère : glauque, malaisante et décadent de cet univers, on aurait pu envisager avoir du grain dans l’image, des flou de raccord, jouer sur les contrastes et la saturation pour rendre des zones ou trop sombre ou trop éclairées. Il y avait du potentiel avec la scène de poursuite dans les bois. Encore raté.

Non franchement, y pas grand-chose à sauver de ce film. La palme revient au final à l’écriture des personnages qui dérape tellement fort qu’on se demande à quoi ça servait de nous les caractériser aussi proprement au début. Normalement ils devraient tous être devenu schizophrènes à la fin de l'intrigue tellement leurs arcs narratifs sont incohérents et artificiels. Enfin seulement pour ceux qui n’ont pas eu la chance de mourir au début de l’intrigue.

Sachez le, c’est 1h30 de perdu à tout jamais. Et les relents du souvenir de cette vacuité pourraient perdurer encore bien longtemps.

zamoth19
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le 3 août 2023

Critique lue 198 fois

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zamoth19

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