Pourquoi pas.

J'ai aimé l'aspect esthétique du film. En effet je trouve les couleurs bien choisies. Le rose et le blanc pour habiller une jeune fille qui n'a pas d'expérience, je trouve ça bien. C'est joli.
Mais je crois que ce jugement peut d'ailleurs résumer toute l'oeuvre. C'est joli, il n'y a pas vraiment d'autre propos que la différence. Comme par hasard les deux héroïnes sont magnifiques. Et il y a autre chose de joli c'est ce qu'on ne comprend pas. Alors dans la vie le mystère est peut-être joli en soi mais là c'est de la maladresse ou du laisser-aller. La protagoniste "laideronne" qui n'arrive pas à faire l'amour finit par cracher dans la bouche de l'homme dont elle était amoureuse. Pourquoi ? Voici la seule explication possible : Quand elle cherchait du sexe c'était juste pour frimer et jamais elle ne s'est amourachée de lui.
...
Pas plausible. Au regard du reste du film, c'est impossible ! Elle le trouve spécial, chaque mouvement de caméra le dit... ! Bref, événement incertain. D'ailleurs tous les mecs sont des événements incertains. La masculinité est odieuse. Ouah on film leurs jambes poilues. Je suis désolé mais en tant que spectateur masculin, j'ai juste envie de dire "je n'ai pas choisi d'être un garçon", et ça invalide tout le film qui s'oppose quasi-politiquement à notre existence. Nous ne sommes pas des aliens venus pour vous violer. Surtout que le garçon lui il a rien fait de mal il voulait juste la baiser c'est tout. On ne filme d'ailleurs de lui que l'exacerbation de ses hormones : quand il se jette sur elle en la plaquant contre la porte. Ouah ça c'est de l'effet visuel ! Et la scène du crachat m'a particulièrement énervé pour ça.
Ce qu'il peut y avoir d'intéressant dans cette diabolisation de l'homme, ou en tout cas dans l'exhibition de ses caractères fétides, c'est l'entrée dans l'intentionnalité lesbienne. On a l'impression de mettre leurs lunettes de vie.

Et puis ce film n'a pas de fin, tout comme il n'a pas de personnage. Et en fin de compte il lui manque tout car il n'a pas de propos. Il a pour seule béquille cette traversée phénoménologique du point de vue les bien. Assujettie à un timide propos sur l'injonction sociale à faire sa première fois au lycée. Même si personnellement je n'ai pas vécu mon lycée comme ça.
Mais je reviens à l'esthétique, là où le film marque beaucoup de points c'est qu'il y a un truc super agréable dans la contemplation passive du monde qui nous est offerte. Ce silence, cette absence de discours longs ou de bavardages donne lieu à une ouverture des sens qui n'est pas commune. Et puis j'aime à voir cette fille errer dans sa vie. On imprime en elle toutes nos velléités de se libérer. L'hésitation avec laquelle elle traîne la nuit en s'accrochant à l'araignée d'un parc d'enfants me parle. Elle a du mal à parler, par contre son silence nous dit tout d'elle. En cela, et c'est vraiment grâce à de la pure forme, le film s'en sort. Car je le répète, pas de morale. A la fin, l'héroïne se jette dans la piscine --> sens ?

Et son amie aussi s'y jette. La fin du film les illustre toutes les deux, sur l'eau, faisant la planche. Mais elles sont amoureuses ou quoi? C'est insatisfaisant ! Et puis pourquoi la scène où Marie fait vivre sa première fois à son amoureuse est-elle aussi gênante? Elle a l'air gênée. Mais de quoi ? Tu aimes ça! Telle est ton appétence érotique ! C'est étrange de filmer ça sous le soleil avec des draps blancs pour rappeler l'aspect chirurgical d'une pénétration... Compliqué pour rien, ça m'embrouille. Qui es-tu? Je ne t'ai pas découverte ! C'est ce que j'ai dit au début, c'est joli la plupart du temps, on comprend rien parfois mais pas grave; on a toujours pour prétexte que c'est joli.

theodre
5
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le 8 nov. 2020

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theodre

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