Revenons un peu en arriere... En 1992, le scénariste et realisateur Jing Wong, qui avait le vent en poupe apres le succes God of Gamblers et Royal Tramp, décide d'écrire quelque chose de plus sombre et de plus 'violent' que ce qu'il fait habituellement... Peu de temps apres, on pouvait découvrir un film d'action vaguement érotique, frolant l'hommage aux bonne grosses séries B américaines, baptisé sobrement Naked Killer... Film presque culte pour beaucoup de hongkongais, il ne fait pourtant pas l'unanimité chez tout le monde et reste longtemps cloisonné à un cercle de fans et d'initiés...

Dix ans plus tard, en 2002, on découvrait un remake de ce film, toujours scénarisé par Jing Wong, qui se voulait être aussi bien une réadaptation qu'une suite, avec plus d'action, moins d'érotisme, plus de jolies filles, et plus accessible a un niveau international. Force est de constater que malgré tout ses efforts, Naked Weapon n'eut pourtant pas le succes escompté, meme si, encore une fois, il aura su se faire une petite place aupres de certains aficionados...

Dix ans ont à nouveau passés, et Jing Wong frappe de nouveau avec ce Naked Soldier, qui suit les preceptes du precedent opus en les maximisant : encore plus d'action, impasse sur l'érotisme, des filles toujours plus mignones, et accessible au premier venu friand de films d'actions made in HK...

Coté casting, pour sur, on se retrouve avec de la belle donzelle, mais en y regardant de plus pres, on se retrouve surtout avec des ersatz de starlettes et d'AV Idol... Ankie Beilke fait clairement penser à une Maria Ozawa qui se serait assagie, Lena Lin interprete une 'sous-Shu Qi' quasi nanardesque et ces deux demoiselles sont sensé assurer le quota 'sexy' du métrage; quant à Jennifer Tse, elle est indubitablement là pour remplacer Maggie Q et son personnage ambigu... Je ne parlerai meme pas de Ellen Chan qui fait presque peine à voir...
Pour ce qui est des personnages masculins, ma foi, on se coltine deux beaux gosses de service (un 'gentil' et un 'mechant', histoire d'équilibrer les choses) dont la prestation est aussi vide pour l'un que pour l'autre... Notre brave Sammo Hung est bien present, mais sacrément vieillissant... Il y a des moments dans le films ou on se croirait devant un mauvais épisode de Martial Law (a.k.a Le Flic de Shangai) avec un retraité tentant de donner le change... On appreciera tout de meme en passant le petit role de Anthony Wong...

Niveau scénario, on prend la meme recette, on change quelques ingredients, et on recommence... Si vous avez vu plus de 10 films d'action HK (incluant quelques mauvais films) sorti ces vingt dernieres années, alors vous savez absolument tout ce qu'il va se passer dans ce film... L'innovation n'est clairement pas le maitre mot, au contraire, c'est du repechage de vieille idée, du sur-emploi d'idées déjà vues et revues, et c'est souvent tellement grossier que ça ferait mal au coeur de dire que les ficelles utilisées sont des 'classiques'...
La réalisation, elle, est ultra classique... Plus basique que ça, c'est difficile a trouvé... Néanmois, malgré un coté serie B à peine déguisé, cela reste efficace, mais pas toujours assumé...
La lenteur de certains passages ou de certaines chorégraphies font presque figure d'anachronisme tant on se croirait revenu dans les 70's... On se demande ce qui est passé par la tete de Corey Yuen et Yuen Tak tant le rythme des chorégraphies est saccadé et parfois excessivement lent, avec meme quelque passages presque cartoonesques pour lequels on en vient à se demander si les acteurs étaient tellement lents qu'ils ont acceleré certains passages au montage...
Alors oui, des nanas qui se fritent ça peut être original et marrant cinq minutes dans une bonne petite comédie, mais lorsque qu'on est en présence d'un film qui se prend au sérieux et veut l'etre a tout prix, alors on se doit de l'etre et de faire les choses bien... Ici, Corey Yuen nous sert simplement une resucée de son DOA: Dead Or Alive avec des actrices qui ont plus l'air de danseuses que d'artistes martiale, à qui il propose des chorégraphies aussi vieillottes que la Shaw Brothers modernisées par des effets de styles calqués chez EuropaCorp, et qu'il tente malgré tout de crédibiliser par la présence recurrente d'un Sammo Hung fatigué... En définitive, tandis que les films d'action et d'arts martiaux asiatiques cherchent (en majorité) depuis une décade à se moderniser, se surpasser et dans certains cas à faire dans le spectaculaire, on nous propose ici des chorégraphies souvent dépassées au point qu'on se croirait revenu vingt ou trente ans en arriere, et parfois tellement grotesques que ça fini d'oter toute crédibilité a la trame de fond, et au film en general...

Si seulement le 'massacre' s'arretait là... Mais non, on arrive encore à enfoncer le clou avec des emprunts aussi ridicules qu'inutiles (match de basket façon Shaolin Soccer sous tranquillisants, 'duel' aux baguettes pour de la nourriture comme Jackie Chan savait si bien les faire sauf qu'ici c'est mou et aussi crédible qu'un dessin animé...). Les 'mechants' sont looké de sorte qu'on sache d'office qu'ils sont les 'mechants', mais ce sont des look naviguant entre l'immonde, le kitch et le totalement improbable... Mais le comble du mauvais gout revient sans nuls doutes aux effets spéciaux outranciers et hideux, en particuliers tous les éclats de verre rendu en CGI d'une laideur incroyable, qui viennent ponctuer ce métrage déjà peu pourvu de qualités...
Ajoutons à ça une bande son presque accessoire, une photographie digne d'un DTV, un montage global trop éclaté et pas assez pointu, et le tour est joué...

Si Marco Mak fut un bon monteur, il est encore loin d'etre un bon réalisateur... Si on pouvait éventuellement se souvenir de Haunted Office ou de Slim Till Dead, ça n'est certainement pas avec Naked Soldier qu'il marquera les esprits... Les rares moments de bravoure ne tiennent en general qu'à une bonne dose de violence graphique ponctuée d'un soupçon de gore (notamment la scène d'introduction), hélas trop peu nombreux pour sauver le métrage... Mais, comme toujours avec cette saga apparemment, il y aura surement une petite poignée d'irréductibles pour apprecier ce troisième opus et ils arriveront sans mal à lui faire la petite place qui lui est due...
DocteurKi
4
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le 15 juin 2013

Modifiée

le 16 juin 2013

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DocteurKi

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