Napoléon par Spectateur-Lambda

Je voyais ce film tellement accumuler de critiques négatives que je l'abordais avec une pointe d'appréhension et au final il se révèle problématique en pleins d'endroits mais pas si mauvais que cela. A condition de comprendre le point de vue d'un cinéaste britannique sur Napoléon.

Napoléon selon de quel côté de la manche où vous êtes né n'a pas la même image, si en France, le roman français et les historiens du XIX -ème et début XX -ème en ont fait un grand homme avec souvent une omission des aspects discutables de son héritage - ce n'est que très récemment que des historiens français ont commencé à nuancer les hagiographies le concernant - côté anglais il a toujours été considéré comme un tyran, le responsable de millions de morts en Europe pour sa gloire mégalomaniaque et il n'est pas loin d'être vu comme le premier exemple dans l'histoire moderne des grands dictateurs qui séviront notamment au XX -ème siècle en Europe. Si l'on prend ceci en considération, le film revêt tout de suite une approche différente, je peux dès lors admettre qu'on puisse s'en offusquer en tant que français mais il s'agit d'un choix de réalisation et de scénario qui est au final bien établi, restent les nombreuses approximations ou erreurs historiques mais j'ose espérer qu'aucun bachelier n'ira à ses examens avec ce film comme unique bagage. Et puis on pourrait arguer du fait qu'il fallait peut-être pour des soucis de fluidité de narration prendre quelques libertés de ce genre, ne soyons pas tâtillons et ne nous érigeons pas en spécialistes de l'empereur et reconnaissons que sur un plan purement plastique et formel le film fonctionne et offre un spectacle grandiose.

Décider d'explorer ce personnage par le biais de sa relation avec Joséphine de Beauharnais permet je pense d'avoir un point de départ pour tenter de comprendre qui il était comme homme et par corollaire comme dirigeant et conquérant. La relation est montrée comme passionnelle voire toxique à bien des égards et on pourrait tout à fait trouver dans sa sexualité médiocre l'origine de ses frustrations qu'il décrie comme sa soif d'ambition. Cette soif de conquête, qu'encore une fois nous recevons selon le prisme français ou anglais peut décrire dans un cas un stratège hors normes, l'homme derrière une grande quantité de victoires militaires importantes, dans l'autre être vue comme les conséquences tragiques d'un tyran assoiffé de sang et se pose alors la question de la véritable qualité de stratège du bonhomme, car si les défaites historiques ont coûté la vie à un nombre invraisemblables de jeunes européens, ses victoire elles aussi ont eu un très lourd tribu en vies.

La mise en scène m'a réconcilié avec Ridley SCOTT qui m'avait perdu avec Le Dernier Duel (2020), même si on est loin de ce qu'il a pu proposer naguère. Les scènes de batailles sont homériques et rendent bien compte de la violence des combats, même si on pourra regretter parfois un manque de limpidité sur justement les points de stratégies militaires mis en œuvre.

Mon regret le plus marqué sera au niveau du casting de Joséphine, non pas que Vanessa KIRBY soit à blâmer mais enrôler une femme plus jeune que Joaquin PHOENIX pour incarner une femme qui en réalité était plus âgée que l'empereur démontre qu'Hollywood a encore un souci avec l'âge des actrices.

Au final pas incroyable, mais pas si pire, à condition d'accepter d'être gentiment bousculé dans notre chauvinisme par un metteur en scène britannique qui a voulu, non pas produire un cours magistral d'histoire mais une interrogation sur le pouvoir absolu et ceux qui y aspirent.