J’y suis allé vraiment sans conviction. C’est que le cinéma français, moi, ça me fait peur, surtout quand c’est pour traiter de sujets à trémolos comme celui-là. Le début a d’abord confirmé mes craintes : ce film n’avait rien d’inventif, il était écrit platement, et surtout il enchaînait les poncifs (pour ne pas dire les caricatures) sans réussir à donner vie son histoire. Mais bon... "Né quelque part" a au moins deux mérites à mes yeux. D'abord il sait se faire expéditif sur les passages qui l’intéressent le moins, notamment au début, ce qui fait qu’une dynamique s’installe quand même tant bien que mal, évitant l’ennui. Mais surtout – et c’est ce que j’ai finalement le plus apprécié – on sent dans ce film une indéniable sincérité de l’auteur à raconter son histoire. D'ailleurs, j’ignore si ce « Né quelque part » est la première réalisation de Mohamed Hamidi, mais j’ai trouvé que la mise en scène gagnait en assurance et en force au fur et à mesure que les minutes s’égrainaient. Dans le dernier tiers, l’univers, les personnages, le propos et surtout le regard de l’auteur sont enfin posés, et franchement on finit par toucher quelque chose de juste. Du coup j’en viendrai presque à regretter que Mohamed Hamidi n’ait pas su transcender encore davantage son propos, en abandonnant notamment sa didactique au profit de ces beaux moments de suspension de fin de film, car une intention aussi sincère et une tonalité aussi juste aurait pu donner lieu à un très grand film. Mais bon... "Né quelque part" a déjà ce grand mérite de parler avec son cœur, et d’offrir quelques moments de grâce et de belle humanité, et rien que pour cela, je me réjouis de l’avoir vu...