Ne touchez pas la hache par Maqroll
Le titre du film est le titre original du roman de Balzac qui ne prit le nom de La Duchesse de Langeais qu’à son entrée dans La Comédie humaine, neuf ans plus tard. L’adaptation de Rivette est exceptionnelle de fidélité et de compréhension de l’œuvre. En fait, mieux qu’une adaptation, c’est une mise en images de l’univers balzacien qui nous est ici proposée. Les comédiens sont tous excellents avec en première ligne, figurant le couple des amants maudits, Guillaume Depardieu et Jeanne Balibar et parmi les seconds rôles, Michel Piccoli et Bulle Ogier. L’histoire d’amour passionnée et impossible de cette mondaine et de cet officier rustre est admirablement retranscrite par Rivette dans son style habituel, sans artifices ni plans inutiles. Les dialogues respectent à la virgule près le texte original, jusqu’à la terrible scène finale qui replace l’être dans sa dimension éphémère et imaginaire. « Ce n’est plus qu’un poème », dit Montriveau en parlant de son amour disparu… Magnifique métaphore qui prouve s’il en était besoin la profondeur de réflexion de Balzac sur la condition humaine… et celle de Rivette pour cette dernière œuvre en forme de sublime testament.