Ne Zha
6.8
Ne Zha

Long-métrage d'animation de Yáng Yǔ (Jiaozi) (2019)

« Je suis le seul maître de ma destinée »

Personne n’est jamais mort au badminton 

Dès l'aube de son existence, un miston, marqué par la particularité d'aptitudes extraordinaires et foncièrement inédites, fut voué à une ascèse rigoureuse. Cette formation, empreinte de discipline et d'abnégation, avait pour dessein ultime de le préparer à l'éradication des entités démoniaques qui infestaient et menaçaient la quiétude de la communauté. Paradoxalement, cette même communauté, qu'il était destiné à préserver de l'annihilation, l'enveloppait d'une aura de crainte et d'appréhension.


Une Distribution Énigmatique

Ma nescience volontiers admise pour les productions animées issues de l'Extrême-Orient, particulièrement celles dont la provenance chinoise est avérée, n'altère en rien la stupeur qui m'étreint face à l'incompréhensible lacune de diffusion planétaire dont ce premier volet a été la victime. Cette aberration distributionnelle n'en est que plus flagrante lorsque l'on considère le succès pécuniaire absolument phénoménal qu'il a remporté aux confins du box-office international, une consécration certes largement redevable à la seule sinosphère.


La Richesse Mythologique, un Atout Majeur

Pourtant, malgré cette opulence chiffrée, mon appréhension devant le spectacle fut une mosaïque d'impressions contradictoires. S'il est une qualité qui force l'acquiescement, c'est bien l'ingénieuse et somptueuse réappropriation du corpus mythologique chinois, une tapisserie narrative d'une richesse rare, dont les filigranes légendaires demeurent, hélas, largement méconnus au sein de nos contrées occidentales. Cette immersion dans un panthéon de divinités et de démons, ces récits ancestraux revivifiés avec un tel savoir-faire visuelle, confère à l'œuvre une grandeur indéniable, une sublimité inhérente qui captive l'esprit curieux. Les péripéties, bien que parfois décousues, offrent un aperçu fascinant des croyances et des figures emblématiques de cette culture.


Une Froideur Émotionnelle Persistante

Néanmoins, cette louable audace cosmogonique ne saurait masquer une sensation d'atonie, une insensibilité notable face à la multiplicité des événements. Quoique divers et souvent spectaculaires, ces derniers m'ont laissé marmoréen, comme pétri dans une indifférence presque sclérosante. L'effervescence de l'action, l'entrelacs des tribulations, n'ont point réussi à émouvoir la moindre fibre de mon être, une sorte d'apathie esthétique s'étant immiscée au plus profond de mon ressenti. De plus, la nature même de ce métrage, s'apparentant davantage à une longue et fastidieuse mise en place d'une saga future, a quelque peu émoussé l'enthousiasme, la résolution des conflits paraissant sans cesse repoussée à un second acte.


L'Écueil de la Trivialité Comique

Le fardeau le plus accablant réside sans conteste dans la propension affligeante à l'humour puéril. Les gags régressifs, les interjections vulgaires, et que dire de ces facéties scatologiques, ces éructations sonores et flatulentes, dont la présence récurrente trahit un goût indubitablement bas et une volonté regrettable d'abaisser le niveau d'une œuvre par ailleurs si ambitieuse. Ces scories humoristiques, véritables écueils narratifs, polluent la noblesse propre du propos et entravent toute tentative d'immersion totale, rappelant sans cesse qu'en dépit des splendeurs visuelles, le spectacle n'échappe point aux vicissitudes de la trivialité.


Conclusion : Un Paradoxe Captivant

Bref, Ne Zha se présente comme un phénix paradoxal : une démonstration technique vertigineuse, une ode respectueuse à un patrimoine culturel fascinant, mais dont le cœur narratif, pour mon âme blasée, n'a su battre avec l'ardeur espérée, engoncé qu'il était dans une gangue d'humour enfantin et un sentiment persistant d'inachèvement.

L’alcool était trop fort
Trilaw
5
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le 9 juil. 2025

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