Robert Schmadtke a une vie de merde. Son boulot de "nettoyeur de lieux publics" se résume à déterrer les corps, plus ou moins frais, dispersés en plusieurs morceaux sur les réseaux de la ville. Son employeur, Joe, ne lésine pas à faire travailler plus longtemps ses employés, tandis qu'il fume placidement ses cigarillos derrière son bureau. Ses collègues lui prêtent méfiance, médisent sur ses éventuelles déviances qui font froid dans le dos.

Ce qui se révèle être tout à fait exact. Robert est nécrophile. Sa fascination pour les êtres dévorés par les asticots ou ceux profitant encore de la rigidité cadavérique des premières heures a, depuis longtemps, tourmenté ses esprits. La rupture avec l'innocence se résume à ce lapin, égorgé puis dépecé par le paternel, ne lésinant pas sur la procédure. Le corps incliné vers le bas, les pattes arrières écartées, la chair fraîche ne tarde pas à s'exhiber aux yeux du petit Robert. Le point de non-retour surgit au découpage des globes oculaires, la dernière pièce du puzzle ensanglanté.

Heureusement pour lui, Robert est parvenu à rencontrer une jolie brune partageant le même désir d'outre-tombe. L'odeur du formol, de la chair pourrie et de la viande cuite en abondance ne la rebutant point, se mêlant ainsi dans le sang récolté par son compagnon pour prendre un bain de jouvence, Betty regorge d'ambition. Le couple devra s'attaquer à plus grand : un ménage à deux et demi, aux côtés d'un cadavre pas très frais.

Le long métrage de Jörg Buttgereit se focalise sur une scène : celle du triangle amoureux, imbibé d'effets de rémanences, où Betty s'extasie sur une simili-verge apposée sur le corps en lambeaux. Si l'aspect factice se dégage de la poupée cadavérique, le maquillage dégoulinant et le jeu - croquant - des deux protagonistes font jaillir une atmosphère de putréfaction, à la limite du vomissement. Cela étant, malgré une durée plutôt courte (une heure et dix minutes), les lourdeurs concassent violemment toute vision dérangeante du film. Les métaphores et imageries naïves, dans leur ensemble, détournent notre attention sur la montre, attendant vainement une autre scène nécrophile.

Et ce lapin ne méritait pas de figurer dans ce long métrage. Espérons que les auteurs du délit ont reçu une sainte grenade d'Antioche dans la tronche.
Slade
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le 14 mai 2012

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