Network - Main basse sur la TV par Arsenio-Quichotte

Vu hier soir...

Jusqu'ici Sidney Lumet était pour moi le réalisateur des films : Douze Hommes en colère (12 Angry Men), L’Homme à la peau de serpent (The Fugitive Kind), Serpico, Un après-midi de chien (Dog Day Afternoon) et surtout de 7 h 58 ce samedi-là (Before the Devil Knows You're Dead).

Network, que je découvre presque 50 ans après sa sortie, entre en résonance de façon assez étrange avec notre époque. Par une sorte de «plagiat par anticipation », le film fait le portrait d'une société du spectacle où l'obscénité, l'outrecuidance, prennent définitivement la place de l'intelligence. Pour cela Lumet force le trait entre exagération et outrance, mais il contrebalance ça avec une écriture dramatique intense, tant du point de vue du scénario (déclamations et dialogues rabotés jusqu'à la chair), que de la mise en scène (l'arrivée au « Walhalla »), ou de son sens du rythme (caméra en mouvement perpétuel, montage incisif). Tout cela ne laisse aucun répit au spectateur, et je me plais à penser que Lumet, bien que le propos soit acide et désespéré, regarde toujours le film d'un air amusé par-dessus notre épaule.

Il y a dans certaines situations (l'histoire d'adultère par ex.) un petit côté suranné, mais le jeu des acteurs (oscar du meilleur acteur pour Peter Finch) est suffisamment fort pour rendre le propos toujours très actuel.

Autre petit décalage temporel : William Holden, par son jeu, ses mimiques, ses expressions de visage, n'a cessé de me faire penser à Vincent Lyndon.