On peut à juste titre reprocher à Patrick Braoudé d'en faire trop. Mais à l'heure où la comédie française fait preuve d'un monumental je m'en foutisme, il est agréable de voir un acteur/réalisateur donner avec autant de passion. La valeur d'un film est parfois une affaire de contexte. En effet, si lors de sa sortie, "Neuf mois" pouvait être vu comme un film lourd, aux acteurs en totale roue libre et au scénario à la limite de l'improvisation, il pourrait aujourd'hui, en comparaison des comédies françaises actuelles, presque passer pour un chef d'œuvre.
De nos jours, les comédies françaises suintent la facilité, l'absence totale de risque et l'arrogant laisser-aller des acteurs et des metteurs en scène. Certes, "Neuf mois" amplifie et caricature les situations et les comportements, mais c'est aussi cela le rôle de la comédie. Chacun des acteurs trouve son personnage, le creuse, l'exagère, et un tel investissement fait plaisir à voir. Et nous seulement ils donnent tout ce qu'ils ont au spectateur, mais ils y prennent manifestement plaisir. Patrick Braoudé et Daniel Russo ont écrit le film ensemble, lui donnent vie ensemble et se régalent ensemble.
Même la scène de fin, un gigantesque n'importe quoi, prend des allures de "Traversée de Paris", lorqu'on la regarde à l'aune de l'ennui, de l'inertie de la suffisance inhérents aux comédies actuelles.
Et parce qu'un exemple est parfois plus parlant qu'un long discours : "Bis" de Dominique Farrugia, avec Kad Merad et Frank Dubosc, sorti en 2015…