la musique comme une reconstruction
New-York Melody est une comédie originale.
En allant voir ce film je m'attendais à une comédie sentimentale; j'ai été agréablement surprise.
Ici, la musique, l'audace, l'amitié et les rêves des protagonistes prennent une place aussi importante, voire plus, que leurs histoires amoureuses respectives. En fait, ces dernières servent essentiellement à implanter le décor voulu : Gretta (Keira Knightley délicieuse dans ce rôle), une chanteuse méconnue mais de talent, sort avec un chanteur repéré par un label américain qui invite le couple à venir du Royaume-Uni jusqu'à N-Y pour enregistrer un album et faire de lui une star à leur image. Et c'est bien là que ça "coince": la star naissante va voir son succès lui monter à la tête et lors d'une tournée à L.A trompera sa copine avec son attachée de presse.
Bon, à ce stade là, vous me direz, c'est du déjà vu dans les comédies. Sauf que tout cela est annoncé en quoi... quinze minutes du film je dirais. L'essentiel du récit se concentre sur Gretta et Dan, un producteur passionné et dont la fougue l'a écarte du label qu'il a lui-même créé. Ce dernier, ayant entendu par hasard Gretta chanter dans un bar, va faire de son mieux pour la produire, même sans label.
Commence alors une aventure touchante et mignonne. Faute de studios, Dan entreprend de produire Gretta et d'autres musiciens qui l'accompagnent (trouvés grâce à son réseau, on imagine), tout simplement, sans studio : dehors. Alors, c'est vrai, parfois le réalisme est léger quand les choses sourient aux personnages avec une simplicité un peu déroutante : Dan a un très bon ami musicien qui a fait fortune et les finance entièrement, ils ne sont quasiment jamais perturbés durant leurs enregistrements extérieurs (parfois des voisins hurlent ou des flics arrivent, mais à la fin de l'enregistrement, bien entendu), l'ado de Dan est invitée à faire quelques notes de guitare sur une chanson tandis que le père lui-même ignore son niveau, et il se trouve qu'en réalité elle est vraiment douée, etc. Bref, oui, il faut le dire, il y a quelques facilités cinématographiques.
Cependant, pour contrebalancer cela, on retient une apologie de la création indépendante qui échappe au filtre commercial des (grands) labels. On retient également l'aspect original pour une comédie : il n'est pas là question de rencontre amoureuse, mais de couples brisés qui apprennent à se pardonner mutuellement. Ça me rappelle par ailleurs les partis pris singuliers de Eternal sunshine of the spotless mind et 500 days of summer.
Pour finir, la bande son, majoritairement les musiques chantées par Gretta, est très belle et les paroles évitent de justesse le côté fleur bleue. Je me la procurerai d'ailleurs volontiers lorsqu'elle sera disponible.
Ce n'est pas le film de l'année, mais un très agréable moment, de sûr.
Ah, et aussi, ça fait toujours plaisir d'entendre Bob Dylan remis à sa place et qu'une chatte a du goût puisqu'elle ronronne à l'écoute de Léonard Cohen.