Caty (Marie Gillain) mène une vie grise et sans relief, partagée entre un boulot alimentaire de caméraman et un appartement dans une immense tour impersonnelle en banlieue. Plutôt jolie, elle se fond cependant dans la masse, néglige de se mettre en valeur et prétend s'accommoder de sa solitude. Quand lors d'un reportage une call-girl lui propose de gagner un paquet de fric en très peu de temps, celle qui galère pour payer son loyer se laisse tenter et rencontre ainsi Jean (Vincent Elbaz), un voyou qui a besoin d'un caméraman pour filmer le casse qu'il prépare avec son équipe.
Comme elle le dit, s'ouvre alors devant elle deux chemins : "un bon et un mauvais, le mauvais semblant être le meilleur".
Elle plonge alors dans l'univers de cette bande de petits voyous sans grande envergure qui rêve d'atteindre les sommets. Entre Lecarpe (Simon Abkarian) un Arménien macho et bourru, Mouss (Zinedine Soualem) qui aspire à devenir chorégraphe et Loulou (Dimitri Storoge) le caractériel et bien sur Jean, Caty trouve une famille, une échappatoire à sa triste existence entre boites de nuit, hôtels trois étoiles et braquages électrisants.

Chronique d'un échec annoncé "Ni Pour Ni Contre (Bien Au Contraire)" se garde bien de juger le comportement de Jean et les siens. Le petit banditisme s'est imposé à ces petites frappes comme la seule chance d'échapper au déterminisme d'une vie de gosses de prolétaires. Pas très malins, fascinés par le clinquant et le paraître, maladroits dans leurs rapports avec le monde extérieur, prétentieux mais partageant des liens sincères, Klapisch a su rendre ses personnages attachants par leurs faiblesses.

Marie Gillain s'avère particulièrement épatante. De petite fille apeurée qui n'a pas le courage de vivre sa vie, elle devient la mascotte de ses grands frères d'adoption, bien vite accro à l'adrénaline de la vie de voyou. Quand elle se rend compte que ceux qu'elle place sur un piédestal ne sont que des loosers, il est déjà trop tard, elle a le virus et les suivra dans leur descente aux enfers...
Si Vincent Elbaz en caïd manipulateur qui se surestime a de bons passages (bien qu'il surjoue souvent), la bonne surprise vient surtout des seconds rôles, Simon Abkarian et Zinedine Soualem en tête. Le premier, la moustache et le regard fières, le second tout en tendresse, font office de second rôle réussis des plus attachants et aux interventions souvent truculentes.

Si certains dialogues sont particulièrement bien ficelés, c'est surtout grâce à son ambiance si particulière que "Ni Pour Ni Contre (Bien Au Contraire)" s'avère assez prenant. Klapisch l'a voulu comme un hommage aux classiques du genre et le résultat tient la route. Le regard de Vincent Elbaz, fixe et sombre, dérange. Les boites de nuit remplies de stripteaseuses s'avèrent nettement plus chaleureuses que la grisaille de la vie du Français moyen. Les éclats de violence maîtrisée des braquages renforcent encore cette sensation, d'autant plus qu'ils succèdent généralement à des accalmies où la petite bande se laisse aller à la bonne humeur.

Cédric Klapisch nous avait habitué jusqu'ici à des comédies légères et sympathiques : "Le péril jeune", "L'auberge espagnole", "Chacun cherche son chat"... Surprenant de le voir se risquer dans un genre où on l'aurait bien difficilement imaginé. Pourtant, le réalisateur français aime brouiller les pistes : déjà il y a quelques années, il avait tenté l'exercice du court métrage pornographique dans le cadre d'une campagne pour le port du préservatif.
Sans atteindre le niveau d'un Melville (la référence française en terme de film noir), Klapisch réussit néanmoins à donner à son film une ambiance sombre et poisseuse où chaque moment de bonheur ne fait qu'accentuer l'attente d'un dénouement tragique en évitant toutefois, l'écueil d'une fin trop manichéenne.
NicoBax
6
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le 1 nov. 2010

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NicoBax

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