Production horrifique assez obscure de la Shaw Brothers, Night of the Devil’s Bride est mis en scène par Chang Il-Ho, réalisateur coréen qui a participé à de nombreuses productions dans toute la Chine et qui a travaillé pour la Shaw Brothers à trois reprises : The Deadly Knives (1972), The Thunderbolt Fist (1972) et donc le film du jour Night of the Devil’s Bride qui sera d’ailleurs un échec au box-office, mettant définitivement fin à leur collaboration. Au départ, c’est une réalisation à quatre bras, car coréalisé par un autre coréen, Shin Sang-Ok (The Ghost Lovers), qui quitta le navire en cours de route et qui ne fût même pas crédité au générique, et c’est surtout le remake quasi plan par plan du film coréen Black Hair, réalisé un an avant par… Chang Il-Ho. Oui, ça ne s’invente pas. Aucune idée de la qualité générale de ce Black Hair tant il semble difficile à se procurer avec des sous titres anglais, mais ce remake made in Shaw Brothers est au final un film assez moyen, pas désagréable à regarder mais duquel on sort avec cette désagréable impression de potentiel gâché.


Night of the Devil’s Bride commence par un moment doux entre Kao (Lo Lieh) et sa femme Shui Len (Chen Ping) atteinte de la tuberculose. Ils sont mariés, vivent dans une modeste demeure à l’extérieur de la ville, et un médecin vient régulièrement pour soigner Shui Len qui commence à régulièrement perdre ses cheveux et cracher du sang. On va suivre Kao qui va parcourir la ville pour tenter de ramener de l’argent afin de subvenir à ses besoins. Mais on comprend rapidement que Kao n’est pas réellement le mari attentionné que le début nous présentait et qu’il est prêt à tout faire pour améliorer sa situation à lui. Cette première partie centrée sur Lo Lieh qui fait ses petites manigances met petit à petit en place ce qui va arriver dans la deuxième partie. Cette mise en place est un peu trop longue, et bien que nécessaire pour bien comprendre la psychologie du personnage de Lo Lieh, pour le rendre détestable et justifier la deuxième partie, on est dans l’attente que le film décolle un peu. On ne s’ennuie pas, mais cela reste malgré tout assez plat d’autant plus que le scénario, assez dense, n’est pas correctement exploité. Certains points sont résolus trop rapidement, d’autres pas comme il aurait fallu. Lorsque le film décide de changer de cap à la mort de la femme de Kao, et que le fantôme de cette dernière se met à se venger de tous ces hommes mauvais qui ont gravité de près ou de loin dans sa vie, le scénario va amener un flot de situations surnaturelles en virant dans le cinéma fantastique et horrifique pur jus, très inspiré du cinéma horrifique japonais de cette époque (les cheveux longs meurtriers en sont l’exemple même). Là, Night of the Devil’s Bride, bien que n’exploitant jamais son potentiel, devient nettement plus intéressant.


Annoncé au départ comme un film d’horreur romantique, il ne restera au final dans notre esprit que la partie horrifique, bien plus marquante, avec le gore qui fait son apparition en même temps que le fantôme. Il y a des bras coupés, des têtes coupées, ça arrache des oreilles, ça scalpe, ça étrangle, ça recrache des dents ensanglantées, avec en bonus son lot de nudité pour le plaisir des yeux. Les effets spéciaux sont ce qu’ils sont (la Shaw ne semble pas avoir un alloué un gros budget… ), c’est-à-dire archaïques, même pour l’époque. C’est d’un kitch ! Mais on retrouve dans ce film, à l’instar de Legend of the 7 Golden Vampire (1974) ou Black Magic (1975) les prémisses des vampires sauteurs bien avant qu’ils ne soient démocratisés par la saga Mr Vampire en 1985. La mise en scène et la photographie n’ont rien d’exceptionnel. Bien entendu, les décors studios de la Shaw Brothers ont toujours ce charme désuet, mais à l’exception de quelques fulgurances le temps de quelques scènes, ce n’est visuellement pas toujours très recherché. On sent un vrai potentiel dans le film, de bonnes idées, mais on ne sait si c’est par manque de temps, de moyens ou simplement d’envie, ce n’est jamais exploité. Le casting est à l’image du film, moyen, errant parfois tel le fantôme du film, mais Lo Lieh est de son côté impeccable, très investi dans son rôle avec son personnage très ambigu. Le scénario a la bonne idée de s’attarder sur lui, sur sa psychologie, pour nous empêcher de nous attacher à lui afin que la punition qui s’abattra (pas assez férocement) ne décontenance pas. C’est la seule chose un peu profonde du film qui, il faut l’avouer, tombe la plupart du temps dans l’exploitation la plus totale (boobs et gore, souvenez-vous). On ressort du film sur notre faim, avec cette impression d’un film qui aurait pu être bien meilleur.


Bobine assez obscure de la Shaw Brothers, Night of the Devil’s Bride est un film d’horreur assez moyen à cause d’une première partie trop longue qui vient plomber une deuxième moitié au demeurant sympathique. On ne s’ennuie pas, mais il n’y a pas grand-chose qui retient l’attention.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-night-of-the-devils-bride-de-chang-il-ho-1975/

cherycok
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le 23 nov. 2023

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