Niki Larson
5.3
Niki Larson

Film de Wong Jing et Jackie Chan (1993)

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City Hunter (Jing Wong, Hong-Kong, 1993)

Parfois la naissance d’un film ça se joue sur pas grand-chose. Et parmi ces pas grands choses il y a parfois l’envie d’associer deux univers à succès, dans l’espoir que les afficionados des deux camps viendront se retrouver autour de l’œuvre terminée. C’est une démarche qui fonctionne assez rarement, car à trop se reposer sur des univers codifiés différemment, la cohabitation est difficile. Créant de la frustration à tous les niveaux.
En 1993 le réalisateur hong-kongais Jing Wong, plus connu pour ses scénarios que ses réalisations, écrit et met en scène l’adaptation du manga ‘’City Hunter’’, connaissant alors un succès mondial important. Plus connu chez nous sous le nom de ‘’Nicky Larson’’, popularisé auprès du jeune public par l’animé diffusé dans le Club Dorothée.
À cet univers, qui en 1993 se décline déjà sur de nombreux médium différents, Jing Wong associe un comédien star, alors au sommet de sa gloire après les succès de ‘’Police Story’’ et ‘’Opération Condor’’, dont la diffusion au-delà des frontières d’Hong-Kong font de Jackie Chan une star internationale. Allier alors le kung-fu humoristique de la hyène intrépide, avec le polar hard boiled à tendance burlesque, semble ne pouvoir qu’aboutir sur un succès.
Mauvais calcul. À vouloir se caler dans chaque univers, ‘’City Hunter’’ peine à trouver une identité propre. Les scènes de combats, marque de fabrique de Jackie Chan sont rares et d’une platitudes un peu tristoune. Surtout lorsque le comédien a habitué à bien plus virtuose. Et pour ce qui est du côté Nicky Larson, et bien ça ne fonctionne pas beaucoup mieux.
La faute à un metteur en scène qui peine vraiment à donner vie à une œuvre se reposant sur un humour potache. Certes présent dans le manga, il est ici aseptisé, ce qui donne au film une dimension étrange, car il ne va pas aussi loin qu’il le souhaite, tout en usant d’un humour bas de plafond, qui passe son temps à se ramasser.
Introduit par une séquence burlesque, qui résume les évènements du manga afin de rentrer directement dans le vif du sujet, le ton donné est complétement décalé et assumé. Mais ça ne correspond pas à la suite du métrage, qui se révèle au final n’être qu’un hybride sans ampleur entre le cinéma de Jackie Chan et une adaptation un peu moisie de manga.
Ne trouvant jamais sur quel pied se battre, ‘’City Hunter’’ s’enfonce dans une histoire peu intéressante, dont la majeure partie se déroule sur un bateau, sans doute dû à des restrictions de budget niveau décors. S’y enchaine des séquences sans réelles continuités, avec un fil rouge lambda, qui peut vulgairement se résumer ainsi : ‘’Les gentils, doivent empêcher les méchants d’arriver à leurs fins.’’.
Même si ce n’est jamais le plus intéressant dans ce genre de film, L’intrigue est bateau au possible, agrémentée par des combats peu spectaculaires, et des comédiens qui essayent de faire ce qu’ils peuvent. Jackie Chan peine par exemple à rendre son Nicky Larson convainquant, et s’avère être une grosse erreur de casting.
Par moment le film part même complétement en vrille, comme ce combat proprement hallucinant dans une borne d’arcade. Sans aucune raison, les adversaires se transforment en personnage de Street Fighter II, pour se battre à la manière du jeu vidéo. Au-delà d’un placement de produit des moins finaud, qui vend le jeu de baston le plus populaire de la période, c’est la nécessité même de cette séquence qui questionne.
Pendant près de 10 minutes les personnages de Street Fighter II, absolument pas convaincants, se battent à l’aide d’effet spéciaux pas terribles. Dans une débauche cartoonesque des plus lourdingue… Ça ne fait aucun sens, rien ne justifie la présence de cette séquence, et en plus les combats sont inintéressants.
Un passage qui résume à lui seul l’ampleur de l’échec d’une entreprise qui cherche à tout prix à faire cohabiter des univers différents, sans effort d’adaptation, ni sens de la mesure. Tout y est à moitié exploité, en résulte une œuvre complétement bancale, et ne tient sur aucune fondation solide, et semble inachevée tellement c’est brouillon.
Adaptation nul d’un manga génial, film de Jackie Chan des plus moyens, polar foiré… Il est difficile de s’y retrouver dans ce marasme scénaristique incompréhensible échouant sur tous les tableaux. Après, c’est certain que ça reste amusant à regarder, et ça rappel une certaine époque. Mais C’est pas parce que c’est vieux, que ça parle de pop culture, que ça fait même partie de la pop culture, que c’est bien pour autant.
Au contraire même, car en 27 ans le film a vraiment vieillis. Et ce qui pouvait faire rire gamin, provoque de l’ennuis adulte. Et ‘’City Hunter’’ ça peut se résumer comme ça : c’est ennuyeux.


-Stork._

Peeping_Stork
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le 8 mars 2020

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Peeping Stork

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