Attrapez les Toutes

La vague nostalgeek continue de nous abreuver régulièrement de films et de documentaires capitalisant sur la nostalgie des années 80. Nintendo Quest et un film documentaire de Robert MacCallum dans lequel le réalisateur a décidé de suivre son ami Jay Bartlett dans un incroyable challenge. Le jeune homme passionné de Star Wars de Rock n' Roll et de jeux vidéo va devoir en l'espace de 30 jours récupérer les 678 jeux officiels de la Nintendo Entertainment System sortis aux USA avec un budget limité et cela sans effectuer le moindre achat en ligne. Le voyage s'annonce donc épique afin de récupérer toutes les cartouches de la mythique console 8 bits de Nintendo d'autant plus que certains jeux très rares s'échangent à des prix absolument exorbitants.

Nintendo Quest est globalement un documentaire plutôt sympathique d'autant plus que son réalisateur a la très bonne idée de jouer à fond la carte de la nostalgie en truffant son film d'animations, d'effets visuels, de bruitages et de musiques propres à l'univers des jeux vidéos de cette génération et forcément de la console de Nintendo en particulier. Outre cette quête qui servira de fil rouge le film revient dans de bien trop courts apartés sur l'histoire de Nintendo, sur les musiques mythiques des premiers jeux, sur les graphismes et sur les pochettes en rappelant combien l'objet est un important vecteur de nostalgie à une époque de la dématérialisation totale.

Malheureusement Nintendo Quest est aussi un peu décevant dans sa mécanique répétitive afin de de récolter les précieuses 678 cartouches. Le plus paradoxal c'est que cette aventure était censée s'appuyer avant tout sur des échanges et des rapports humains entre fans de jeux vidéo et collectionneurs pour justement éviter toutes les transactions impersonnelles possibles sur Internet. Le film nous invite certes à découvrir quelques passionnés avec de fabuleuses collections dédiées au rétro gaming mais aussi de nombreuses boutiques spécialisées. Mais les échanges se limitent le plus souvent à des transactions financières et des négociations afin d'acquérir un maximum de jeux sans réduire à néant le budget de départ. On aurait aimé que les différents personnages croisés au cours de cette quête nous livrent leurs souvenirs personnels et s'expriment sur leur rapport affectif pour une console qui dans la majorité des cas à occuper une bonne partie de leur enfance. La mécanique restera bien plus répétitive et la valse des achats et des transactions ne laisse que trop peu de place à ce qui fait pourtant toute la force de la nostalgie et qui est notre rapport affectif aux objets et au souvenirs qu'ils impliquent. Comme dans toute quête complétiste et acharnée il faut un objet mythique, un Graal inaccessible qui pour l'occasion est le jeu Stadium Events tiré à très peu d'exemplaires et qui se revend à des prix défiant la logique et le bon sens sur eBay avec des offres allant jusqu'à plus de 85000 € la cartouche. Cette quête de l'objet culte occupe lui aussi une bonne partie du film alors que l'on aurait préféré se replonger dans les jeux bien plus communs et des cartouches certes bien classiques qui avaient marqués de manière plus universelle notre enfance.

Le problème principal de Nintendo Quest reste que jamais le documentaire m'invite le spectateur à se replonger lui-même dans la nostalgie des cartouches et de la console de chez Nintendo. Il faudra attendre les toutes dernières scènes du film et le générique de fin pour que la fibre mélancolique nous titille enfin lorsque le film joue un peu plus sur l'émotion et la nostalgie. Finalement tout posséder par défi plus que par passion c'est peut être plus du consumérisme qu'autre chose, en tout si vous voulez voir un geek faire ses courses pendant 90 minutes Nintendo Quest fait le boulot.

(Cette petite critique revient de loin puisque je tente de la poster depuis la MAJ du site qui m'aura tout fait ; perte, publication du brouillon, impossibilité de modification, plantage ....)