Le héros est interprété par Gael Garcia Bernal, acteur mexicain qui a tourné avec notamment Pedro Almodovar et Alejandro Gonzalez Inarritu (Amours chiennes, Babel).
La communauté internationale étant de plus en plus regardant sur la situation du Chili, Pinochet souhaite légitimer son régime aux yeux de son peuple et du monde entier. Pour cela, il organise en 1988 un référendum national qui décidera du destin du Pays : le "Oui" maintiendra le dictateur au pouvoir pendant 8 ans, le "NON" déclenchera des élections démocratiques. Toujours sous pression internationale, le gouvernement autorise 15 min de spot télévisé par jour en faveur de chaque camp. Le film témoigne de cette campagne électorale de ses prémices aux résultats des élections.
Le film démarre sur un gros plan de notre héros, René, vantant les mérites d'une idée nouvelle et révolutionnaire. On comprend rapidement qu'il ne s’agit pas de la situation historique du pays mais d'un spot publicitaire concernant une boisson gazeuse. Cette publicité est jugée "bizarre" par les clients. On nous présente donc René comme un avant-gardiste motivé face à des conservateurs qui ont peur du changement. Sa jeunesse et son insouciance sont, un peu plus tard, symbolisés par ses déplacements en skateboard. Ces traits de carractères font face à ceux de son amie militante activiste tabassée par l'armée chilienne. On rentre rapidement dans le vif du sujet lorsque qu'un vieil ami de son père lui demande de prendre en charge la campagne pour le "NON". Une petite période de réflexion se met en place, nous sentons qu'il est charmé par le défi proposé mais il est vite rappelé à l'ordre d'une part par son patron qui a ses entrées dans la "famille gouvernementale" ainsi que par la vision de sa petite vie tranquille. Il va bien évidemment dire "oui" au "NON".
la réalisateur oppose les réunions de préparation des spots de campagne de chaque camp. La sérénité et le pouvoir s'opposent aux doutes et à l'amateurisme.
René, en tant que publicitaire averti souhaite une campagne publicitaire joyeuse et entraînante alors que les militants aguerris souhaitent une campagne de prévention et de vérité. En effet, pour une fois qu'on leur donne la parole, ils aimeraient en profiter pour dire ce qu'ils ont sur le cœur, énoncer les faits terribles perpétrés par le régime avec des images choquantes.
Le film nous pousse à nous mettre du côté de note héros (comme pour tous les films, le héro est sympa, on nous montre qu'il est compétent, etc...), du côté de l'avenir, de l'optimiste, de la joie.. de l'insouciance...mais dans ce cas, on se positionne du coté du mensonge comme le fait remarquer un vieux de la vieille du militantisme. En effet, taire la vérité c'est alimenter le mensonge du gouvernement. Les images chocs font sensations chez les personnes concernées par la situation du pays mais ce ne sont pas ceux-ci qu'il faut convaincre.
Cette problématique est très intéressante mais elle n'est pas plus développée dans le film si ce n'est que les spots publicitaires vont naviguer entre ses deux visions (sans forcément que ce soit très explicites). Étant donnée que la victoire n'était pas du tout acquise, on peut se dire que la campagne réalisée était parfaite et donc le meilleur choix était le compromis entre les deux visions.
On peut voir le film de différente façon. La façon positive est qu'on peut faire chuter un pouvoir criminelle d'une manière douce avec des valeurs simples et optimiste sachant que le continent sud-américain a connu presque deux siècles de violences et de coup d’État sanglant. Par contre, le film suggère que la vérité dévoilant l'évidence n'est pas suffisant ou même nécessaire pour persuader ou convaincre. Le pouvoir de la publicité est sans limite et bat la vérité qu'on ne veut pas voir. Peut être que le film nous invite à nous remettre en question en nous poussant à être du côté du publicitaire....
Le film s'apparente alors aux spots publicitaire de notre héros, il reste gentillé, on nous montre quelques situations grave propre aux régimes mais on ne le ressent pas vraiment, le film ne va pas dans ce sens. Tout comme la pub, on reste dans les thématiques de la joie, de l'avenir, avec une bonne dose d'humour souvent grâce aux spots qui nous paraissent aujourd’hui caricaturaux. On se laisse donc piégé, comme pour les pubs, par cette ambiance, on a donc l'impression que c'est une victoire totale alors que ce n'est pas forcément le cas. La dernière scène nous montre le boss de René vanter les mérites de ce dernier concernant la campagne du "NO" tout comme il le faisait avec le régime de Pinochet. Le boss politisé va se ranger vers le nouveau pouvoir, rené va surement rester indifférent, les choses ne changent donc pas, on va recommencer à faire confiance à cette nouvelle situation politique, toujours aveuglé et plus sensible aux rêves qu'à la réalité. Je pense que le film veut nous montrer que le départ de Pinochet n'est pas un aboutissement, que son départ n'a pas réglé tous les problèmes. En effet, le Chili reste marqué par ce régime notamment par cette constitution qui n'a pas changé.
Le film n'est pas une totale critique péjorative sur cette campagne du NO puisqu'elle a permis d'atteindre un objectif primordial par contre il nous rappelle qu'il ne faut pas se laisser bercer par le pouvoir de la publicité ou de tout ce qui s'y apparente (médias, discours politique, etc..), que vouloir entendre et comprendre la vérité est très importante. Peut être que le réalisateur pense que les chiliens se sont laisser bercer par cette victoire et qu'ils n'ont rien fait pour que les choses continuent à changer.