Une dizaine de jeunes, de milieux différents entament un ballet étrange dans les dédales du métro et les rues de Paris. Ils semblent suivre un plan. Ils ont tous des objectifs précis. Après plusieurs explosions, ils convergent vers un même point, un Grand Magasin, au moment où il ferme ses portes.
Bertand Bonello avait en tête de réaliser un film sur le sujet du terrorisme depuis 2011. Son film sort sur les écrans alors que la France et le monde n'ont pas connu une telle épidémie d'attentats terroristes depuis bien longtemps. Personnellement, j'ai trouvé que "Nocturama" est d'une vacuite sans fond et surtout manque parfaitement de réalisme.
Attention cette critique contient de nombreux spoilers.
Le film raconte comment une dizaine de jeunes descendent dans Paris pour poser des bombes qui explosent en fin de journée. Une fois leur méfait accompli, ils se rendent dans un grand magasin (LA SAMARITAINE réhabilitée pour l'occasion) en attendant que les choses se calment...
Le film souffre tout d'abord de trop de staticité et manque de rythme. La caméra s'attarde beaucoup trop sur des plans sans intérêt, il est clair que le film aurait gagné à durer 40 minutes de moins.
Ensuite, le film constitue une accumulation d'invraisemblances et manque totalement de réalisme.
-les terroristes "en herbe" n'ont rien en commun. Des gamins de banlieue désenchantés( Yacine, Sabrina...) au "prototype" de sciences po connaissant les "huiles" du ministère de l'intérieur (André) en passant par le couple mutique (David et Sarah). Même les réseaux sociaux semblent peu de nature à rapprocher des individus n'ayant rien en commun et qui pour certains, ont beaucoup à perdre. Leurs points communs se résument à boire de la vodka et à écouter de la mauvaise musique (exception faite de "call me" et du générique d'"amicalement votre"). Au cas particulier, ceux que Bonello décrit comme des nihilistes paumés sont plutôt des ados acculturés et consuméristes qui ne présentent aucun point commun avec les nihilistes qui mettaient en péril la royauté dans la Russie des tsars à la fin du XIX ème siècle ni avec les terroristes de Daesh. Il y fort à parier qu'ils ne franchiraient pas le pas dans la réalité.
-le choix de se regrouper en fin de journée dans une "souricière", au coeur de Paris, facilitant par la même le travail de la police est tout bonnement imbécile,
-la réapparition suspecte en milieu de nuit à la Samaritaine de Greg (Vincent Rottiers), sorte de grand frère et de "cerveau"de cet aréopage improbable, qui "disparait de la circulation" au beau milieu des opérations de plastiquage (trahison?)
-Enfin, l'absence d'objectifs politiques, d'idéaux et de revendications ne peut que laisser pantois. Voir ces gamins prétendre avec prétention qu'ils se moquent de mourir après avoir posé leurs bombes ("après ce qu'on a fait, rien ne sera plus comme avant") tout en profitant toute la soirée des produits de la société de consommation (fringues, alcool, parfums..) n'a aucun sens.
Ce n'est pas le cameo d'Adèle Haenel qui prétend, à califourchon sur sa bicylette, que: "ça devait arriver" qui légitime davantage le propos fataliste du film.
Finalement, on s'ennuie un peu moins à la fin du film où Bonello revisite Tarantino en filmant la même scène sous plusieurs angles et où les pseudo nihilistes sortent de leurs terriers "morts de trouille" et les mains en l'air pour se faire abattre comme des lapins par des agents du GIGN efficaces, le meilleur moment du film. On se demande cependant si cette conclusion a, pour objectif, soit de montrer un Etat impitoyable qui broie ses ennemis sans états d''âme, soit constitue un avertissement sans frais vis à vis de ceux que cela pourrait inspirer.
Petite curiosité du casting: Luis Rego en clochard.
En ce qui me concerne, une grosse déception, ma note: 3/10