C'est en lisant Astérix en Lusitanie que j'ai eu envie de découvrir enfin ce film que j'ai, pour son titre, longtemps voulu voir.
Depuis la voix de militaires en pleine guerre coloniale, sous la dictature portugaise de Salazar, se déploie l'Histoire de la Lusitanie. De Oliveira signe ce qui est peut-être le grand film de la saudade (invoquant, à ce sujet, la parole même des grands écrivains du genre, Camões et Pessoa).
De Viriato à la Révolution des Œillets, ce qui pourrait, pour un regard distrait, paraître pour une célébration patriotique, est en fait le récit d'un peuple et son pays qui ont traversé les siècles à grands coups de défaites. Le film regorge d'une force tranquille à plusieurs endroits :
1/ sa beauté plastique, sans forceps (le cisèlement de ses cadres, la beauté lascive de la langue portugaise, la précision fastueuse des reconstitutions, la sérénité pleine du montage)
2/ son intelligence politique (qui ferait ragequit les idéologues de droite et de gauche et que l'absence de tiédeur rendrait imbuvable aux centristes) : célébrer la grandeur d'une certaine Histoire lusitanienne (notamment le sébastianisme messianique) et témoigner de la place du Portugal marginalisée par ses défaites face à l'Empire romain et au Royaume d'Espagne.
Le film nous rappelle définitivement combien le cinéma portugais est l'un des plus fascinants au monde !