Nope
6.8
Nope

Film de Jordan Peele (2022)

Non...ne fermez pas les yeux....et levez la tête...

C'est en ce début de mois d'août 2022, en pleine routinière, cyclique, habituelle semaine de taff me fatiguant et m'éreintant plus qu'elle ne devrait, provoquant chez moi une folle envie de vouloir m'évader, me divertir et de réfléchir afin de briser cette monotonie...et là...mercredi 10...jour de sortie...un horaire acceptable...un réalisateur que j'affectionne...une vision du média dont je raffole... et un titre, une affiche, un trailer...qui me promettait un nouvel ovni cinématographique, un nouveau mystère à déchiffrer, un voyage sensoriel vers l'inconnu....

Une plongée vers l'inconnu qui prend forme dès l'extinction des lumières, l'apparition d'un format 4/3, des sous-titres juxtaposer sur les différents logos issus de la production, des sons et des bruitages en totale dichotomie avec eux...dépeignant une douce tranche de vie, un instant de famille, une période de joie...renforcé par des rires, des exclamations se rapprochant de l'ambiance des sitcom américains des années 70...et puis...sans explication, sans logique...les rires disparaissent, les bruits se font oppressants...des cris de désespoir, des larmes, des pleurs...un drame sonore se produit...un écran noir...une image apparaît, la conclusion macabre de ce que l'on vient d'entendre...nous laissant bouche bée...un cut...une ellipse...nous voilà en pleine nature, au milieu des montagnes, dans l'enclos d'un vieux ranch, deux hommes, deux afro-americains, deux cow-boys au milieu de leur bétail...une lumière chaleureuse, un vent doux, une sonorité naturelle, des couleurs champêtres, où les paroles se font rare et les regards en dise long...dépeignant un calme, une sérénité, un apaisement, une ambiance digne des western des années 60...et soudain le ciel s'obscurcit, le vent se fait menaçant, une brume aveuglante, des animaux désemparés, une étrange nuée, des impacts se font ressentir, un danger semble iminant, d'intriguant objets tombent d'en haut, une sonorité assourdissante, une lumière flashy, digne de la Science-fiction des années 80...un nouveau drame se déroule, la mort de nouveau présente...nous laissant troublé, confu, égaré, perturbé par cet enchaînement de séquence, à priori opposée et antinomique...à la limite du K.O, titubant...une nouvelle fondue au noir...un titre...une nouvelle ellipse...un nouvel enchaînement de situations, de décors, d'environnements, d'époques, d'intitulés, de personnages...entre la Californie citadine et son arrière pays, entre un cow-boy asiatique et un geek blondinet, entre les années 90 et 2000, entre l'austérité de la nuit et la chaleur du matin, entre de grands panoramas et des plans serrés, entre couillonerie et effroi...sans toujours de logique, sans être pédagogique, sans contextualisation à la limite de la cohérence...égrenant ça et là...des brides, des pistes, des possibilités scenaristiques...nous plongeant jusqu'ici dans un véritable puzzle, une véritable énigme, un hypnotisant mystère...autel magnifique à toutes hypothèses, interprétations, déductions, réflexions...renforcé par une direction artistique pensée pour...ultra codifié, référencée, minutieuse..où l'intra-diegetique et l'extra-diégetique, le dit et le suggéré, la réalité et les rêves, le passé et le présent, l'exposé et le caché, la peur et le calme s'entremêlent, s'entrecroisent, se confrontent...jusqu'à une apparition, un mot, un son...un nuage...un "cloud" en anglais...et là tout prend forme, tout devient logique, tout devient clair, tout devient sensé...les sons, les images, les paroles, les actions, les personnages, l'atmosphère, le récit...deviennent les outils, les instruments, les armes, les figures de cette métaphore, de cette allégorie, de cette critique et de cet hommage à l'homme et son irréversible envie de se divertir, de s'imaginer un ailleurs, de sa quête absurde de l'inconnu, de sa boulimie de nouveau, de son incapacité à se restreindre, de sa non-volonté à se satisfaire, de sa curiosité morbide, son voyeurisme nauséabond, sa trop grande facilité à oublier, sa infatigable créativité, quitte à tenter l'impossible, à franchir les limites, à outrepasser les lois de la nature, à oser l'improbable, à devenir irrespectueux, à ne pas vouloir fermer les yeux, à tout sacrifier voire à se sacrifier...à travers le prisme psychologique, économique, industriel, artistique, sociétale, technologique...à travers l'art et la culture populaire...à travers le matériel et le digital...à travers le vrai et le faux...à travers l'humain et l'animal...à travers la terre et l'au delà...à la tradition et la modernité...à travers la simplicité et la démesure...à travers le tangible et l'intangigle...à travers l'ouïe et la vue...offrant lentement mais efficacement...un film...une œuvre...un chef-d'œuvre, dérangeant, énigmatique, intelligent, sensible, subtile et magnifique...où seul le spectateur est responsable de ce qu'il voit ou ne voit pas...de ce qu'il écoute ou n'écoute pas...de ce qu'il comprend ou ne comprend pas...de ce qu'il ressent ou ne ressent pas...

C'est donc après deux heures d'émerveillement, d'hommage à une industrie, de critiques vis-à-vis d'elle, de satire sur l'homme, de romantisme vis-à-vis de lui, de questionnements intellectuels qui auront mes réponses, d'émotions qui seront les miennes...que j'écris cette mystérieuse lettre d'amour à "Nope"...à la démarche de Jordan Peele...à cette vision du cinéma...dont je raffole tant, qui se font rare...qui exige patience et réflexion...et loin des grosses productions conventionnelle...donc non, ne fermez pas les yeux sur ce voyage sensoriel vers l'inconnu...car ça se raconte pas, ça se vit.........

AlMomoSan87
10
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le 10 août 2022

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AlMomoSan87

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