Norbourg
6.1
Norbourg

Film de Maxime Giroux (2022)

En dépit de détails complexes et pas toujours compréhensibles, un thriller financier prenant et carr

S’il y a bien un sous-genre risqué, pas forcément avenant pour le grand public et encore moins garanti de succès en salles, c’est bien le thriller financier. Intéresser les spectateurs et prodiguer tension et suspense avec des notions de bourse, d’action, de fonds de placement, d’OPA ou de courbes de chiffres n’est pas une chose aisée. Certaines œuvres ont admirablement vulgarisé la chose comme l’excellent « Margin Call » ou « Möbius » mais également, dans une moindre mesure puisqu’elle ne traite pas que de cela, l’immense série HBO « Succession ». D’autres ont été moins chanceux comme le film français « Krach » qui revenait sur l’affaire Jérôme Kerviel de manière bien peu palpitante ou surtout « The Big Short », pourtant acclamé par la critique mais pour lequel il fallait avoir un doctorat en finances pour bien comprendre en détail toutes les subtilités de la crise des subprimes de 2008. Un film qui nous perdait malgré son casting quatre étoiles et sa tonalité presque comique.


Le thriller québécois “Norbourg” n’a pas la force de frappe des meilleurs avatars du genre et nous largue à certains moments si l’on veut entrer dans les détails de cette affaire qui a marqué le Belle province au début des années 2000. Cette fraude d’un entrepreneur sur les économies de milliers de québécois à travers un fonds de placement opaque a eu un retentissement énorme et inédit à l’époque. Mais si on fait abstraction de certaines notions nébuleuses, qui n’empêcheront pas la compréhension de l’intrigue générale et des faits, les deux heures de film se suivent avec plaisir et attention. La trame principale est claire et seuls les aspects purement techniques ne nous parlent pas sans pour autant nuire à l’appréciation générale du long-métrage. Suspense et étonnement sont de mise et on est régulièrement choqué de voir comment une telle chose a pu arriver.


Sur le plan purement cinématographique, « Norbourg » a de la gueule et se pare d’une mise en scène tout à fait adaptée au sujet entre photographie froide et angles de caméra fixes et travaillés. Le duo formé par Vincent-Guillaume Otis et François Arnaud (qu’on n’attendait pas vraiment là) est en symbiose totale et nous conquiert sans peine. La tension est palpable lors de plusieurs séquences où ce duo de malfaiteurs de la finance tente de masquer ses irrégularités, notamment lors de l’inspection des bureaux qui est la séquence en forme de point d’orgue du long-métrage. Une œuvre qui prend bien le temps d’adopter plusieurs points de vue, des partenaires aux victimes en passant par les autorités des marchés financiers. Un sujet peu avenant pour beaucoup, notamment hors du Québec, mais que Maxime Giroux parvient à rendre intéressant et prenant, ce qui relève du tour de force.


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JorikVesperhaven
7

Créée

le 29 avr. 2022

Critique lue 452 fois

5 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 452 fois

5

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