Nos Futurs parvient à tirer de belles choses de sa thématique pourtant très classique —la crise de la trentaine— en trouvant le dosage précis de ses composantes dramatique et comique. Si le sujet peut vite générer du bancal et déjà vu, il n’en est rien dans le film de Bezançon qui réussit à ne pas se laisser bercer par les violons préférant jouer la carte du subtil pour le gros de son message. Finalement, de cette quête du bonheur adolescent ressort un sous-texte bien plus profond, la perte d’un être cher et la capacité de chacun à en faire, ou non, le deuil.


En ce sens, le dernier quart d’heure, même s’il peut agacer lorsqu’il s’initie —encore un twist merd*que me suis-je dit en première intention—, est d’une jolie portée émotionnelle. En quelques images, forte des 80 minutes qui l’ont précédée, la conclusion s’impose comme la seule possible, noue la gorge mais fait sourire, bizarrement, dans le même temps. Un peu à l’image du fils Rochefort, qui livre une belle prestation, emporté certainement par l’enthousiasme communicatif du toujours convaincant Pio Marmai, on quitte Nos Futurs apaisé, ravi d’avoir été témoin d’une comédie à la française intelligente, qui prouve qu’il est encore possible de trouver film à sourire qui ose s’aventurer hors des sentiers battus par les grosses machines à blagues commerciales.


Visuellement déjà, Nos futurs est porté par un coup d’œil précis et un sens de la mise en scène inattendu dans ce genre d’exercice. Remi Bezançon rappelle que la forme est importante, même lorsqu’il n’est pas forcément question de réaliser la scène la plus marquante de l’année. Ne serait-ce que pour cette caméra qui accompagne Rochefort dans ses souvenirs, quand il écume la soirée ayant marqué la fin de son insouciance, Nos futurs rappellera à tous les pseudos rois de la comédie française populaire, qui ne misent que sur leur casting de gueules connues pour faire des entrées, qu’il y a moyen de faire rire et d’émouvoir tout en réfléchissant aux moyens visuels à mettre en œuvre pour réaliser une vraie proposition de cinéma.


Nos futurs est une belle surprise, qui rappelle la fraîcheur de Maestro l’année dernière, et rassure quand à la présence dans le cinéma français d’auteurs concernés qui parviennent encore à associer, sans gros sabots, rire et émotion.

oso
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le 21 déc. 2015

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