Je préface cette critique par le rappel que je n’ai vu ni la version de Murnau (1922) ni celle de Herzog (1979), je me contente de donner mon avis sur le film de Eggers.
Après le succès de The Witch en 2015, Robert Eggers renoue avec le film d’horreur grand public en présentant une adaptation du conte gothique de Dracula.
Nul besoin de rappeler le synopsis, la version du réalisateur américain est fidèle à l’histoire de Bram Stoker : le vampire de Transylvanie Nosferatu sème la terreur et la peste dans un village allemand, avec pour but ultime de retrouver sa promise Ellen.
Commençons par une mention au casting, pourtant cinq étoiles, qui fait plutôt pâle mine sur grand écran. Beaucoup ont salué la prestation de Lily Rose Depp, qualifiant son apparition de bouleversante dans la trajectoire que prenait jusqu’ici sa carrière. Alors oui, bravo Lily Rose pour les scènes de transe, on voit bien que tu as tout donné. Maintenant, est-ce que c’était nécessaire ? Pas vraiment et à certains moments, ça en devient même gênant d’expressionnisme.
Pour le reste, j’ai toujours du mal à trouver Nicolas Hoult convainquant (Juré n*2 était déjà une déception) et Willem Dafoe ne brille pas non plus dans ce film.
Finalement, on ne peut féliciter que Bill Skarsgård (comte Orlock) et Aaron Taylor Johnson (Harding) pour leurs rôles bien exécutés.
Maintenant, parlons de la photographie, signée Jarin Blaschke, qui a accompagné Eggers dans tous ses films quasiment. Croyez-moi, je suis toujours à la recherche de la cohérence. Nosferatu est un éternel jeu de lumières et d’ombres, mais aussi de couleurs, avec des parties en N&B et d’autres en couleurs, sans aucune signification évidente. Le film se déroule dans deux endroits distincts : le village d’origine du compte Orlock et la ville plus moderne d’Ellen. Le vampire n’est pas filmé dans les deux de la même façon. La première reprend des codes de Disney, avec le château maléfique et des éléments gores complètement masqués. Dans le second, on voit qu’ils se lâchent carrément sur le sang et la chair, si bien que le vampire devient zombie. Le tout donne un rendu dichotomique et presque contradictoire.
J’ajouterai que certaines scènes sont tout bonnement inutiles, avec un film qui devient long et pesant par moments. Je conclus par une citation de mon père, qui m’a accompagnée voir cette oeuvre : « c’est un film d’horreur qui ne fait même pas peur, mais qui, en plus, a le défaut d’être trop bruyant pour s’endormir pendant la séance ».