Nosferatu
6.3
Nosferatu

Film de Robert Eggers (2024)

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Pas facile de se faire un avis sur Nosferatu, car on connait tant l'histoire de ce film (le vampire, Dracula ou Nosferatu, que du classique, du déjà vu) qu'on passe plus de temps à chercher les différences avec le matériau original qu'à profiter.


Alors reconnaissons à Eggers son esthétique, ses partis pris artistiques. Certaines scènes sont magnifiques, intrigantes. L'atmosphère est gothique à souhait, Orlock fascine.


Le problème: c'est classique. Encore une fois, le matériau est connu, et Nosferatu n'est pas vraiment un film d'action qui tirerait son spectateur de l'ennui qui s'installe parfois. Pas d'énigmes ou de mystère. Peu de cabotinage. On regarde ce film qui avance vers son dénouement connu, en attendant les nouveautés. Peu nombreuses mais finalement heureuses.


Ce qui sauve le film, c'est son regard sur les femmes. Faut-il voir une sexualisation au premier degré, ou laisser la place à une lecture plus fine? En y repensant, ça parle d'emprise sur une jeune fille (Orlock et Ellen au début du film), de sexualité contrainte (tout Ellen et Thomas), de domination patriarcale (le clerc qui vend sa femme pour accomplir sa mission), de la place dans la femme (mère ou putain, littéralement les deux seuls personnages féminins). Le spectateur est complice (le malheur de la société, c'est Ellen). Le film nous parle d'écouter ou pas les pulsions ou le traumatisme (Von Franz sorti de nulle part, qui donne à Ellen sa place dans le film), avec plus ou moins d'intérêt (le même Von Franz qui sacrifie la victime pour la cause). Au final c'est bien notre héroïne qui tirait les ficelles (c'est elle qui tue le monstre); n'est-ce pas un thème cher à Eggers?


Alors je reste partagé sur ce film. A part quelques jumpscares, c'est rarement l'émotion qui domine durant le visionnage. Mais le film fait son chemin et on y repense, après. Et me fait bouger, avec un effet retard. Quel film peut vraiment en dire autant?

Crocodile
7
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le 7 nov. 2025

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Crocodile

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