Le réalisateur Robert Péguy investit le bidonville d'une banlieue ouvrière de Paris. C'est "Affreux, sales et méchants" sans l'humour de Scola. Et d'ailleurs, cette longue immersion du début du fim ne donne pas envie de sourire. Il y a des accents de vérité dans cette représentation sordide de la misère.
Et puisque ce "quart-monde", comme on ne disait pas à l'époque, ne peut pas compter sur la charité des riches, au moins reçoit-il le secours de la religion. Revenus dans le giron de l'Eglise, on ne doute pas que les pauvres sauront se détourner du vice, du délitement familial ou, même, des idées révolutionnaires.
L'arrivée d'un prêtre à ouvre la voie à un film édifiant et participant du redressement moral -et religieux donc- entrepris par Vichy et le Maréchal. Pour autant, le film n'est pas une catéchèse et l'abbé Vincent n'est pas le personnage central ou prépondérant du récit. En revanche, son dévouement et son influence, éludée le plus souvent, planent sur le film, transfigurant sans coup férir les habitants du bidonville qui ne sont bientôt plus que des figures théoriques et instruments de propagande morale.
Le bistrot est plein et l'église Notre-Dame de la Mouise est vide mais ça va changer, c'est sûr; de la même façon qu'à l'arrivée du prêtre lapidé succèdera, dans une séquence finale qui relève du conte pour adultes, la visite d'un cardinal ovationné...
Le scénario et les personnages n'ont pas d'intérêt hors de cet esprit et de ce contexte.