Avec Ixcanul, Jayro Bustamante a placé le Guatemala sur la carte du monde cinématographique. Nuestras madres, Caméra d'Or au Festival de Cannes 2019, est signé d'un documentariste qui a été le monteur de Bustamante. Cesar Diaz partage avec ce dernier l'envie nécessaire de parler des minorités de son pays (les mayas), notamment à travers le prisme de la guerre civile qui a décimé le pays pendant des années. En ce sens, Nuestras Madres n'est pas que le film de Cesar Diaz, il est aussi celui du peuple guatémaltèque dans son ensemble, soumis à la torture et victime des exactions de la dictature. Son côté didactique, le film le revendique et nourrit une trame simple et poignante, sur une durée limitée de 76 minutes qui exclut toute trace de "gras" dans son récit. L'histoire est celle des veuves du Guatemala, en quête de justice, mais surtout d'une sépulture décente pour leurs morts entassés dans des fosses communes. Et c'est à travers le regard d'un homme de la jeune génération, impliqué dans son travail d'anthropologue judiciaire pour des raisons d'abord intimes que se construit le film, sans s'attarder outre mesure sur la vie personnelle de ce personnage principal. Sa relation vibrante avec sa mère, et plus largement avec toutes les mères endeuillées, offre les moments les plus touchants du film sans que celui-ci ne perde de sa dignité ni de sa délicatesse. La mise en scène, apaisée, met toujours la caméra à la bonne distance et les qualités de monteur de Diaz se révèlent éclatantes. Le twist final et familial, incongru et sans soute inutile (cela se discute, néanmoins) ne parvient pas à gâcher l'excellente impression laissée par Nuestras Madres qu'on aurait cependant aimé voir se prolonger d'au moins une demi-heure de plus.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2020 et Les meilleurs films de 2020

Créée

le 16 juin 2020

Critique lue 547 fois

4 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 547 fois

4

D'autres avis sur Nuestras madres

Nuestras madres
thomaspouteau
6

"Dans ce pays de merde, tu vis soit fou, soit bourré."

De nationalité belgo-guatémaltèque, César Diaz a d’abord suivi des études au Mexique puis en Belgique avant d’intégrer l’atelier scénario de la FEMIS à Paris. Après plusieurs expériences de monteur...

le 23 juin 2020

4 j'aime

Nuestras madres
Cinephile-doux
7

Les veuves du Guatemala

Avec Ixcanul, Jayro Bustamante a placé le Guatemala sur la carte du monde cinématographique. Nuestras madres, Caméra d'Or au Festival de Cannes 2019, est signé d'un documentariste qui a été le...

le 16 juin 2020

4 j'aime

Nuestras madres
Fêtons_le_cinéma
6

Exhumer la mémoire

Nuestras Madres s’empare d’un sujet brûlant et très peu – sinon pas du tout – médiatisé en France : soit la reconnaissance des sévices infligés à la population guatémaltèque lors de la guerre civile...

le 29 déc. 2020

3 j'aime

1

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13