comment changer pornographiquement l'histoire du cinéma ?

filmanifeste trierien, digne d'un God.ard des grands soirs -mais en plus marrant, en plus pop-, cette oeuvre abasourdissante est absolument simple, définitivement subtile et irréversiblement imprévisible car hétéroclite -telle la vie, fondamentalement comme l'esquisse de celle de Joe, femme aimant les hommes (et les émotions fortes).
déconstruisant la narrativité -l'évidant afin de mieux la saturer via le vif des plans cul.tes- par une ironie d'une stupéfiante pédagogie, Lars se seligmanise pour ainsi, en abyme, nous transmettre ses savoirs filmiques sur le sexe, l'amour, l'angoisse -et surtout- sur le plaisir.
ode onaniste à l'orgasme, ces images mettent en scène des fantasmes et leurs commentaires philosophiques -par métaphores croustillantes- gardant ainsi l'oscillation virtuose d'une danse bordant l'abîme, béance déliquescente.

chapitre 1 - initiation/adolescence - avec sa sexy complice B (femme épanouie, rareté chez Lars)...
chapitre 2 - amour/sentiments - rencontre et séduction de Jérôme (mec maniéré mais désinvolte)...
chapitre 3 - danger/organisation - sur la collision entre son messalinisme et les normes sociales...
chapitre 4 - folie/radicalisation - mort du père et haine de la mère, deuil, hantises, changements...
chapitre 5 - bonheur/polyphonie - avec la musique jouissive d'une composition complexe et incroyable...

c'est aussi l'art du cut, la détumescence après l'acmé, le mélange des textures et des styles, l'intensité qui nous maintient, la profondeur des noirs et la vivacité des paroles, de sorte que cette version, quoique censurée, reste une anthologie mythogène et jubilatoire.

Créée

le 3 janv. 2014

Critique lue 664 fois

2 commentaires

Aurien Kea

Écrit par

Critique lue 664 fois

2

D'autres avis sur Nymphomaniac - Volume 1

Nymphomaniac - Volume 1
Fritz_the_Cat
3

Vice de forme

A deux reprises, le nouvel opus du Danois est un grand film. Son ouverture en premier lieu, amorcée par un long plan où n'apparaît qu'un écran noir. Portée sur quelques détails urbains envahis par la...

le 1 janv. 2014

82 j'aime

49

Nymphomaniac - Volume 1
Krokodebil
8

Manon Lescaut

Nymphomaniac, ou le plaisir du contre-pied. Attendu au tournant et précédé d'une promotion délibérément pompeuse et choquante, le dernier film de Lars Von Trier (du moins sa première moitié) est en...

le 7 janv. 2014

79 j'aime

18

Nymphomaniac - Volume 1
Sergent_Pepper
8

Sexe : prétexte, sous texte, intertextes.

On sait depuis longtemps à quel point LVT est un être malin et sournois, jouant habilement de la manipulation, de ses comédiennes ou de son public. Au terme d’une campagne plus qu’active pour son...

le 2 janv. 2014

61 j'aime

25

Du même critique

La Saveur de la pastèque
aurien
10

Critique de La Saveur de la pastèque par Aurien Kea

[...] dans "The wayward Cloud" (nuage déshorizonnant), les trois éjaculations (pur toucher) -montrées dans le film- nouent rythmiquement les trois modes du spéculaire (fantasmogène) : projection,...

le 21 oct. 2013

5 j'aime

Sexify
aurien
9

Communication orgasmique

Des étudiant·es polonais·es doivent réaliser une appli. Pour représenter leur fac et gagner un concours national (financement à la clé). Natalia a la meilleure app' « technologiquement parlant ».....

le 3 mai 2021

4 j'aime

4

Too Old to Die Young
aurien
8

Californie crépusculaire...

Californight. Alerte. Mexicanisation du monde. Alerte. Des serial killers en quête de sens. Alerte. Chasseurs. Ode à la pénombre et au flou artistique, lents travellings à 360° pour nous faire...

le 20 juin 2019

3 j'aime