Lars, j'ai beaucoup de peine d'assister -impuissant- à ta déchéance cinématographique (habituellement, les réalisateurs déclinent à un âge canonique) et de constater avec beaucoup de tristesse que tu n'as plus rien à raconter. Je ressens aussi beaucoup d'embarras pour ces acteurs connus qui ont accepté (un peu précipitamment) de signer pour cette aventure, forcément ravis à l'idée de figurer dans un film du danois provocateur et subversif, histoire d'enrichir leur cv d'une caution “auteurisante” ou, comme toujours, la folie semble être le thème principal de tes films.
J'ai vécu ton film grotesque comme une punition, impatient d'en voir le bout car je n'abandonne jamais en cours de route sauf en cas de force majeure. Mais sachant que ton “film” n'est pas encore terminé (tu as même poussé le vice à réaliser un deuxième volume), ne m'en veux pas si je renonce à poursuivre l'expérience. Maintenant que j'en sais un peu plus sur la nymphomanie, je ne voudrais pas devenir masochiste. Ne m'en veux pas non plus d'avoir (à plusieurs reprises) cédé à l'hilarité* notamment avec cette métaphore ridicule entre la maladie de Joe et la pêche à la mouche. Et pourquoi t'abriter derrière la nymphomanie pour afficher ta haine des femmes** ? Tu nous prends pour des buses ? Et tu crois t'en sortir avec cette scène ubuesque de triolisme affligeant en y apportant un semblant de moralité par l'intrusion d'une Uma Thurman hystérique, sensée incarner le seule personne équilibrée de ce film qui voudrait faire passer la pornographie pour de l'érotisme ? Au cours de cette longue scène ou tout le monde regarde ses pieds sauf les enfants médusés et interdits, tu as quand même le culot de la ponctuer avec cette phrase assénée par notre insensible Joe : “on ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs”. La rigueur que tu mets dans chaque plan, la multiplication des “idées cinématographiques” : split-screen, changement de format, n&b, incrustations de textes et de chiffres, etc… ne te sont d'aucune aide, ils ne servent pas ton film car aucun artifice ne saurait le rendre appréciable. Pas plus que ce titre de Rammstein au début et à la fin ; ça passe beaucoup mieux chez David Lynch. Tu ne sembles même pas te rendre compte de la vacuité de tes subterfuge, ce ne sont que des pétards mouillés.
Décidément, les pornos cérébraux ont la côte après le film de Guiraudie. C'est Stan Lubrick et Francis ford Coppula qui vont faire une jaunisse : tu leur piques leur gagne-pain. Si ça continue, les hardeurs et hardeuses ne seront plus que des doublures. Tu vas mettre toute une profession sur la paille si le porno devient chic et tendance.
Une dernière chose, tu ne devrais pas être chafouin parce que ton film a été amputé de scènes olé! olé! Je t'assures qu'en matière de parties génitales, de sexes d'hommes (j'ai pensé à la chanson de PIerre Perret, “vous saurez tout sur le zizi”) et de femmes, d'éjaculation, de masturbation, de sexe, on en a eu pour notre argent. Trop est l'ennemi du bien, tu le sais pourtant !

* Lars, un grand merci pour ce passage homérique que j'ai baptisé “dis-moi comment tu te coupes les ongles, je te dirai qui tu es”. De ce fait, j'ai cogité, j'ai regardé mes ongles évidemment, j'ai réfléchi très fort à ma façon de les couper et puis au moment ou je commençais à apprendre des choses sur moi-même, j'ai réalisé que j'étais gaucher et qu'il fallait tout recommencer. Là je t'en ai voulu de n'avoir pensé qu'aux droitiers et de m'avoir à ce point embrouillé la tête car du coup, j'ai décroché quelques minutes et j'ai certainement loupé un passage capital de ton film.

** Lars, j'ai bien compris que tu en voulais terriblement à ta maman, une personne probablement immature que tu détestes tout autant que Joe méprise la sienne. Depuis le temps que tu as entamé ta psychothérapie à ce propos, je regrette que cela n'a rien donné. C'est un travail de longue haleine. Le sexe et la violence sont les thèmes prédominants dans (presque) tous tes films, je te souhaite de trouver un jour une solution et de régler enfin tes problèmes personnels afin que nous, spectateurs, échappions enfin à l'illustration pénible de ton enfance traumatisante.
Yeahmister
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le 21 déc. 2014

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Yeahmister

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