L'idée du film, du moins la première, n'est pas sans élégance : on observe deux personnages dont on ignore tout, au gré de leurs discussions et de leurs activités sur une journée, en apprenant peu à peu quels liens les unissent. Il s'agit d'un père et de son fils, on comprend de manière détournée qu'ils ont été séparés pendant une longue voire très longue période, et c'est sur une tonalité vraiment minimaliste que l'on regarde les deux se retrouver à l'orée d'une forêt. Mais ce concept s'essouffle très vite car "Oča" ne dispose pas de matière conséquente pour alimenter ces retrouvailles, faisant de cette reconnexion et de ce questionnement des passés respectifs un moment avant tout soporifique. Expérience assez laborieuse qui s'essaie à une forme de poésie contemplative tout en basant absolument tous les enjeux sur les dialogues entre ses deux personnages, avec une ouverture vers quelque chose de différent sur la fin. Un final sous forme documentaire qui tombe complètement comme un cheveu sur la soupe pour aborder, très maladroitement, le sort des ouvriers laminés par la crise économique — au moment du tournage du film, Vlado Škafar a constaté que beaucoup de gens en Slovénie perdaient leur travail et par là même leur capacité à financer la scolarité de leurs enfants. Transition archi brutale, plutôt déconcertante, qui peine à transformer l'intention intéressante. L'idée était probablement de montrer comment l’économie infiltre les liens les plus intimes, comment elle affecte les relations sentimentalo-familiales, mais le film échoue largement à exploiter ses prémices sur deux êtres faisant connaissance, peut-être pour la première fois.