I Spit on Your Grave demeure probablement l'un des meilleurs et l'un des plus insoutenables rape and revenge de l'Histoire du Cinéma, à tel point que son récit se résume stricto sensu à la définition du sous-genre dont il est ici question : rien de moins qu'une interminable scène de viol collectif suivie d'une vengeance particulièrement malsaine.
Quarante ans après sa sortie le film de Meir Zarchi fascine toujours autant par sa représentation extrêmement crue de la violence physique et sexuelle, quasiment an-esthétique et d'une forme pratiquement documentaire. Pleinement ancrée dans son époque I Spit on Your Grave se fraye un chemin dans le sillon du cinéma d'exploitation bis, évoquant certains classiques tels que La dernière maison sur la Gauche de Wes Craven et même Massacre à la Tronçonneuse sorti quatre ans plus tôt ; partageant la même atmosphère sordide et poisseuse que les films pré-cités I Spit on your Grave met de fait admirablement à profit les limites budgétaires dont il dispose : une sorte d'affront craché à l'adresse des censeurs, de la morale et du bon goût, hénaurme étalage d'immondices réduisant à quia notre bonne conscience.
Le film sidère et dérange par son hyperréalisme et sa capacité à dédoubler perversement le processus originel d'identification : d'abord du côté de la victime ( remarquablement interprétée par Camille Keaton, petite fille de l'homme qui ne riait jamais...) le spectateur se voit par la suite placé du côté des bourreaux dans la seconde partie, bourreaux devenant eux-mêmes des victimes. L'héroïne féminine, souillée durant la première demi-heure, assouvit alors sa vengeance dans une série de châtiments d'une violence redoutable, d'autant plus insupportable qu'elle s'effectue dans une froideur calculée pour le moins inattendue.
Le film est fauché, crade et réalisé sans concessions, évoquant la décadence formelle des mondo movies. A noter l'utilisation très appuyée de la bande-son, complètement au service de l'émotion et de la conduction du récit. Un film au goût de cendre proprement horrible, nettement supérieur à son récent remake du même nom. Je recommande !