Réalisé par Irene Iborra, Olivia et le Tremblement de terre invisible est un drame social espagnol, coproduit avec la France et le Chili. Destiné à un jeune public tout autant qu’aux adultes, le film raconte l’histoire d’Olivia, une adolescente confrontée à l’expulsion de sa famille. Réfugiée avec sa mère Ingrid et son petit frère Tim dans un appartement abandonné de banlieue, elle choisit de préserver l’innocence de ce dernier en lui faisant croire qu’ils vivent dans un film. Cette fiction dans la fiction devient un refuge mental pour survivre à la violence du réel.
Le contraste entre la gravité du sujet et la poésie du traitement surprend dès les premières minutes. Le film aborde la précarité, la dépression et la résilience avec une tendresse rare, sans jamais trahir l’intensité dramatique de son propos. Ce qui aurait pu être une chronique sociale sombre se transforme en expérience sensorielle singulière, oscillant entre magie douce et angoisse sourde. L’intelligence de l’écriture, la finesse des dialogues et la fluidité du récit insufflent à l’ensemble une aura presque onirique. Les émotions surgissent par vagues : le rire fragile, les larmes retenues, la peur sourde. On est bousculé avec délicatesse, comme souvent dans les grands films. Les personnages, eux, sont solidement ancrés dans le réel. Olivia, Ingrid et Tim existent pleinement, dessinés avec justesse et portés par un doublage habité.
L’animation en volume est d’une précision remarquable. L’expressivité des mouvements, la gestion des matières et la lumière atteignent un niveau de maîtrise impressionnant. Les jeux chromatiques, sobres mais évocateurs, participent à l’ambiance douce-amère qui enveloppe l’ensemble. Il règne dans chaque scène une attention au détail qui force le respect.
Certains choix esthétiques freinent l’élan du film. Le design des personnages, trop générique, manque d’identité. Le style graphique global, bien qu’efficace, ne se distingue jamais franchement. Cette absence de signature visuelle forte crée un décalage avec la richesse du scénario, comme si le fond débordait une forme trop sage. L’accompagnement musical, discret au point de paraître secondaire, peine également à imprimer une empreinte mémorable.
Olivia et le Tremblement de terre invisible a plusieurs défauts mais il n’en reste pas moins une œuvre précieuse. Le film marque par la justesse de son regard et la sensibilité de sa narration. Il ne révolutionne pas le paysage visuel du genre, mais il touche au cœur par son humanité, sa bienveillance et son pouvoir d’évocation. Un film à découvrir sans hésiter.