Avec Ollie, son premier long-métrage, Olivier Besse réussit une entrée marquante dans le paysage du cinéma français. Après quelques courts-métrages centrés sur l’univers du skate, le réalisateur franchit le cap du long format avec un film à la fois intime, social et profondément ancré dans les turbulences de l’adolescence.
À travers le regard de son jeune protagoniste, Ollie dresse un portrait sans fard de l’adolescence contemporaine. Olivier Besse capte avec une justesse troublante les incertitudes, les contradictions et les blessures qui jalonnent cet âge de transition. Harcèlement numérique, quête d’identité sexuelle, pudeur et mal-être, conflit avec l’autorité paternelle, manque de repères… Tous ces thèmes sont abordés avec une sensibilité rare, sans surlignage, ni pathos. On sent que le cinéaste connaît profondément son sujet, autant dans sa dimension psychologique que dans ses ancrages sociaux et culturels.
Le film transmet avec force et sincérité la passion du skate, moteur symbolique et concret de liberté, d’expression et d’émancipation pour ces jeunes en quête de sens. Même pour les spectateurs éloignés de cet univers, la mise en scène parvient à rendre palpable l’énergie brute et l’attrait quasi singulier de la planche à roulettes. Plus qu’un sport, c’est ici un moyen d’évasion, de survie, voire de résistance.
Au cœur du film, le personnage de Béber, incarné par un Théo Cristine tout simplement bluffant, laisse une empreinte durable. Sous la direction inspirée de Besse, le jeune acteur livre une performance troublante, donnant corps à un personnage aussi fragile que sauvage, aussi instable qu’émouvant. Béber, punk à chien à la dérive, semble surgir d’une autre réalité — celle des marginaux, des oubliés — et son destin, inspiré de personnes réelles selon le réalisateur, mérite pleinement d’être raconté.
Ollie est une œuvre vibrante, à la fois rugueuse et tendre, qui impose d’emblée Olivier Besse comme un cinéaste à suivre de près. Par sa manière d’aborder avec délicatesse des sujets brûlants, de filmer l’adolescence sans la trahir, et de tirer le meilleur de ses jeunes interprètes, ce premier film touche juste. Un beau moment de cinéma, sincère et nécessaire.