Cinquième film de la franchise James Bond, On ne vit que deux fois fut le champion des recettes de l'année 1967 en Angleterre, c'est une savoureuse aventure surgadgétisée qui expédie Bond au pays des geishas (le film étant presque exclusivement tourné au Japon), où il découvrira qu'ici, le bain des hommes passe avant celui des femmes, et que la vodka siamoise peut avoir un goût infect.
Un James Bond ne se raconte pas, et surtout pas celui-ci qui malgré une mise en scène résolument grandiose, retrouve une ambiance proche de Bons baisers de Russie, à savoir que Blofeld souhaite une troisième guerre mondiale avec pour moyen d'action de "capturer" les fusées US et soviétiques pour que chacun des 2 se rejettent mutuellement la faute. Scénario totalement invraisemblable mais qui a le mérite de ne laisser aucun répit au spectateur.
Et ça commence fort, dès les premières images lorsque Bond simule sa mort pour mieux réapparaitre sur un navire de la Royal Navy, ce qui lui permet une de ses répliques les plus ironiques : Nous n'avons pas la notion du temps nous autres cadavres. On sait d'avance qu'on à affaire à un Bond d'une grande cuvée, et pourtant les producteurs Saltzman et Broccoli devaient commencer à se faire du mouron à l'annonce de Sean Connery qui déclarait que ce serait son dernier Bond ; en effet, ce bon vieux Sean n'en pouvait plus, le personnage de 007 était devenu trop envahissant, mais beau joueur, il mettra tout son charisme dans ce film comme si de rien n'était.
Plusieurs éléments sont à noter dans cet opus : au scénario, Richard Maibaum a laissé sa place à Roald Dahl, romancier anglais de nouvelles fantastiques au style macabre mêlé d'humour très prisé outre-Manche. Peter Hunt qui réalisera l'opus suivant, Au service secret de Sa Majesté est ici monteur et réalisateur de seconde équipe, son sens du rythme donne un punch indéniable, soutenu par une bonne équipe de cascadeurs dirigée par Bob Simmons. John Barry compose une des plus envoûtantes BO, avec la chanson "You only live twice" susurrée de façon suave par Nancy Sinatra. Ken Adam quant à lui, crée probablement l'un de ses décors les plus fous, celui du faux volcan, son chef-d'oeuvre, sans oublier Little Nellie, un étonnant petit engin volant (et une invention bien réelle) qui symbolise la multiplication de gadgets qu'on peut trouver ici.
Au niveau casting, il y a des acteurs japonais, dont certains connus comme Tetsuro Tamba, vu dans quelques productions américaines de guerre ; chez les Anglais, on voit enfin le visage (couturé) de Blofeld incarné par l'excellent Donald Pleasance, de même que Charles Gray incarne un agent anglais qui vit au Japon mais qui sera tué par les ennemis de Bond, il est amusant de savoir qu'il reprendra le rôle de Blofeld dans les Diamants sont éternels. Enfin, chez les femmes, je remarque la sublime actrice allemande Karin Dor qui ne tient hélas qu'un rôle très secondaire, la bad girl qui se repent, mais je regrette qu'une femme aussi belle et bonne actrice soit ainsi sous-utilisée.
Le film regorge d'idées faramineuses ou folkloriques (le bain japonais où Bond peut déclarer J'adore le beau matériel en parlant des geishas qui lui frottent le dos, le décor mirifique du volcan construit avec un budget d'1 million de dollars, et ça se voit, ou la scène avec Q et Little Nellie), mais surtout le film offre de bonnes cascades et des scènes spectaculaires auxquelles il ne faut pas chercher une logique, on marche parce que c'est justement spectaculaire, notamment la bagarre très violente et tonique entre Bond et le sumo, ou le final dans le volcan avec les ninjas. Le scénario exploite parfaitement l'exotisme du Japon et ses principales caractéristiques, Roald Dahl concocte aussi de brillantes scènes de dialogues où Sean adopte un jeu délicieux qui donne à son personnage de 007 un sentiment de tangibilité.
Tout ceci contribue à générer un Bond très plaisant, pour moi c'est le meilleur de la période Sean Connery, devant Goldfinger, il n'est donc pas étonnant qu'il se retrouve n°2 de mon Top Bondien, juste derrière GoldenEye.

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le 13 déc. 2018

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Ugly

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