Un délire régressif purement décomplexé signé Max Pécas : une orgie visuelle de paires de lolos et de bikinis en tous genres, des hommes musclés adeptes de culturisme et de chair féminine, des femmes bêbêtes et désirables en diable filmées avec une misogynie grivoise mais étrangement bienveillante, de la musique disco et des corps qui se trémoussent à tire-larigot, du dialogue servi à renfort de verve paillarde et gentiment beauf... Nous sommes en plein coeur des années 80 et l'ami Pécas nous promène, le temps d'un nanar, dans les charmes discrets et estivaux d'un Saint-Trop' décontracté du bermuda : c'est amusant, singulièrement sympathique et sciemment ridicule dans son enchaînement de situations vaudevillesques et proprement tarte à la crème !


Vulgos sans jamais sombrer dans l’obscénité malaisante, érotico-attachant tout en cultivant la dérision jusqu'à l'assumer entièrement cette production pécassienne tient du festival plagiste comique et désinvolte qui - s'il ne parvient que très rarement à nous livrer une authentique poilade - n'en demeure pas moins gardien d'un univers frivole et mâtiné d'insouciance toute en sensualité paresseuse. C'est effectivement platement filmé, d'une pauvreté technique indiscutable mais étonnamment communicatif dans sa langueur solaire ponctuée de quiproquos poussifs et gros comme des maisons.


Mention spéciale à la musique eighties de Bob Brault ( compositeur déjà responsable de la bande originale des Sous-Doués de Claude Zidi ) musicos jouant de ses nappes synthétiques collant impeccablement à l'atmosphère volontairement ringarde de cette comédie franchouillarde hors-norme. Malgré un résultat objectivement plus que mauvais l'ensemble se laisse suivre avec un amusement non feint doublé d'une sexualisation littéralement ancrée dans son époque : le chaînon manquant probable entre les films pornos soft de José Bénazéraf et le cinéma verbeux et faussement superficiel de Eric Rohmer. Un immanquable.

stebbins
6
Écrit par

Créée

le 12 mai 2021

Critique lue 403 fois

1 j'aime

stebbins

Écrit par

Critique lue 403 fois

1

D'autres avis sur On se calme et on boit frais à Saint-Tropez

On se calme et on boit frais à Saint-Tropez
dextarian
6

Critique de On se calme et on boit frais à Saint-Tropez par dextarian

On en fait plus des films comme ça. Total, 20 ans après, ce sont les américains qui le font à notre place avec les American Pie et autre. Ca me désole un peu, pour la culture française, que les...

le 15 oct. 2010

6 j'aime

1

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5