On the Run
7.2
On the Run

Film de Alfred Cheung (1988)

On the run, c’est une descente aux enfers sans aérofreins, le genre de voyage éprouvant qui laisse la joue rouge et ce, même s’il est ampoulé par des personnages unidimensionnels et un script qui se contente d’aller à l’essentiel, sabrant le détail quand il le peut. C’est certainement en effet un léger manque d’implication dans le dernier geste qui bride cette péloche pourtant bien généreuse par ailleurs.


En matière de glauque notamment, difficile de trouver plus costaud. Dans On the run, tout le monde passe l’arme à gauche sans aucune sommation. L’amour est une donnée volatile, on s’en sert pour émigrer tranquillou vers des terres plus accueillantes alors que la rétrocession montre son courroux, on le rend malléable même, l’attachement aux autres n’est qu’éphémère, chacun remplit sa fonction sans la dépasser, rien, ni personne, n’est irremplaçable. On ne pourra alors pas reprocher à Alfred Cheung de la jouer pépère, le bonhomme va au bout de ses envies, à savoir initier de la castagne bien sèche au sein d’un polar qui sombre dans la dépression sans jamais reprendre son souffle.


Dans ce contexte bien particulier, rencontrer une jeune femme à la peau douce qui dessoude flics et truands en s’appliquant à leur toucher le milieu du front, c’est la routine. Pat Ha s’en donne à cœur joie, heureusement d’ailleurs, parce que ses acolytes traînent un peu la patte. Même Yuen Biao donne l’impression de se ménager, une seule vraie cascade à son actif sur 90 minutes de récrée, mince, on aurait presque pu lui en vouloir si sa pirouette ne faisait pas son petit effet : l’homme manie le bambou comme personne !


En fin de bobine, c’est un sentiment mitigé qui prédomine. Le spectacle est livré, la virée tonitruante dans les entrailles d’un Hong Kong pourri jusqu’à la moelle est bien rendue, mais il manque à tout ça un poil d’ambition, le petit truc qui aurait donné du panache aux deux personnages qui portent l’histoire.


Toujours est-il qu’une péloche de ce style, nerveuse au possible, et surtout assumée dans son premier degré poisseux jusqu’à l’indigestion, ne laisse jamais indifférent. Qu’on se le dise, malgré ses défauts, On the run est un film qu’on n’oublie pas.

oso
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le 16 juin 2016

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