Film de syndrome : Arthur Harari raconte brillamment le délire d’un officier japonais englué dans son devoir par une logique apparemment absurde mais que la réalisation nous aide à comprendre. Le lieu de l’action : l’île de Lubang, aux Philippines, est un des points forts du film : son isolement rend possible le délire d’Onoda; sa végétation, son climat et son peuplement donnent de la consistance au récit en suscitant maints rebondissements; et au fond elle est une magnifique métaphore de la folie qui apparaît ici comme une insularité psychologique. L’autre grande réussite du réalisateur est d’arriver à maintenir notre intérêt pour ce personnage dans lequel cohabitent un fanatisme inhumain et des émotions humaines, ce qui rend complexe son rapport aux autres. Enfin le film est aussi une réflexion passionnante sur la mécanique de l’endoctrinement, en particulier sur la façon dont, une fois mis en place, celui-ci s’entretient tout seul en décryptant le réel selon son propre programme.