Susanne Bier est une femme bien à part.
Danoise, elle a su se faire la part belle à Hollywood en se faisant connaitre grâce au remake de son Brødre.
Là, le "grand public" (bon faut pas en faire trop non plus) s'est intéressé à son travail. Elle a d'ailleurs fait tourner Bradley Cooper et Jennifer Lawrence dans son prochain opus...
Après tout, elle fait partie des réalisateurs à avoir fait débuter le grand et désormais incontournable Mads Mikkelsen.
Dans ce film, elle revient sur les quelques principes du Dogme 95, énoncés par Lars Von Trier avant qu'il ne les abandonne. Elle signe par là, le 28ème film à suivre les commandements mis en place pour faire la "nique" aux films hollywoodiens à la technique toujours plus envahissante. Elle ose d'ailleurs transgresser l'un des commandements en s'autorisant l'ajout d'une musique additionnelle.
Ici nous sommes confrontés à une bouleversante histoire d'amour. Un drame humain vibrant d'émotions vraies.
Le jeu des acteurs, parfaits tous autant qu'ils sont, nous fait partager les tourments de la culpabilité dévorante, du bien être qu'apporte les bras d'un être aimant, les rires, les larmes que l'on partage.
Le film nous conte une histoire d'une banalité affligeante, nous présente un triangle amoureux presque classique.
Cécilia et Joachim sont amoureux et sur le point de se marier. Marie renverse Joachim qui se retrouve tétraplégique incurable.
Niels, le mari de Marie est médecin dans l'hôpital dans lequel séjourne Joachim. Marie demande à Niels de soutenir Cécilia dans cette épreuve et Niels tombe éperdument amoureux de Cécilia qui est rejetée par Joachim. Il fait ainsi écho au personnage de Jan dans Breaking the waves dogme premier du nom.
Vos avez repéré tous les ingrédients d'un mélodrame bien larmoyant ?
Bravo à votre perspicacité mais vous avez tout faux ! Susanne Bier nous fait prendre l'école buissonnière de l'âme humaine.
Voilà, la trame une fois posée, que ceux qui n'ont pas été découragés me gardent toute leur attention.
Ne fuyez pas, accrochez vous et suivez moi dans cette farandole d'émotions pures.
Fidélité, remords, amour, culpabilité, Susanne Bier s'intéresse et analyse au plus près la complexité du sentiment amoureux.
Le naturalisme mis en avant nous rapproche du quatuor. Leurs sentiments complexes et contradictoires dont nous sommes les témoins vont se nouer de manière inextricable.
Les failles de nos personnages sont mises à nu. Aucun jugement n'est porté sur aucun d'eux. Ce ne sont ni des anges ni des bêtes mais des êtres humains qui cherchent à aimer et être aimés.
La scène au cours de laquelle Marie réalise que Niels la trompe est extrêmement statique, à l'instar des protagonistes pétrifiés par les enjeux du drame qui se noue.
Le transfert de culpabilité entre Niels et Marie montre que nul n'est exempt de responsabilité.
Il ne nie pas, fait face, assume ses sentiments pour une autre.
Là il est encore une fois nécessaire de saluer la force de l'interprétation des deux comédiens. Paprika Steel et Mads Mikkelsen, tous deux ayant déjà été confrontés aux libertés du dogme. La première dans Festen et le second dans Les Idiots.
L'analyse qui est faite ici du handicap à travers Joachim rejoint le film de Lars Von Trier. Le refus de toute compassion, l'agressivité, les relations perverses tout y est montré afin de mieux comprendre le cheminement nécessaire pour arriver à cet appel fatidique qui va tout changer.

Découvrez ou revoyez ce film d'une force extraordinaire et d'une humanité bouleversante.
Rawi
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le 14 déc. 2013

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Rawi

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